Horizons lointains / Pour sa 15ᵉ édition, Écrans mixtes continue de se diversifier et d'apporter des nouveautés à son programme. Son dessein inclusif et rassembleur reste fidèle à sa ligne directrice : interroger les regards et représentations queer passées et présentes, dans toutes leurs diversités.
Faire coexister au sein d'une même programmation des œuvres pop et des propositions auto produites, des films mainstream et d'autres marginaux. Donner à découvrir du cinéma contemporain tout en offrant une exploration aiguisée du patrimoine : l'ambitieuse 15ᵉ édition d'Écrans mixtes offre un équilibre harmonieux.
Les films choisis respectivement pour l'ouverture et la clôture résument un goût assumé du grand écart. En hommage à Marisa Paredes, décédée en décembre dernier, c'est le cultissime Talons aiguilles de Pedro Almodóvar qui lance les festivités. Huit jours plus tard, le documentaire de Florent Gouëlou dans les coulisses de la Flèche d'or, Habibi, chanson pour mes ami.e.s clôturera quant à lui la manifestation.
Regards d'aujourd'hui et d'ailleurs
Deux nouveautés importantes sont à noter. D'abord l'inauguration d'une compétition de courts-métrages qui se compose de quatre programmes : deux français, un européen et un international. Ensuite, La Fabrique queer visant à valoriser des films "faits maison". Un hommage à l'inventivité, accompagné de diverses animations et en présence de nombreuses équipes.
Huit films composent la traditionnelle compétition de longs-métrages qui met à l'honneur des œuvres où la question de la représentation est au cœur de toutes les problématiques. De la Tchécoslovaquie soviétique (I am not everything i want to be de Klára Tasovská autour de la photographe Libuše Jarcovjáková) au Brésil post-Bolsonaro (Cidade, Campo de Juliana Rojas, coréalisatrice des Bonnes manières qui se lance en solitaire). Cette sélection se distingue, en outre, par une volonté d'ouverture à de nouveaux genres, le polar avec le film népalais Pooja, sir, ou l'horreur avec Les Maudites, mené par Esther Expósito (vue chez Jaume Balagueró et Amat Escalante).
All that glitters
Au cœur des rétrospectives, deux figures majeures du septième art. D'un côté, l'essentiel Pier Paolo Pasolini, célébré au travers de projections événements telles que L'Évangile selon Saint Matthieu ou le scandaleux Salò ou les 120 journées de Sodome. De l'autre, l'un de ses plus grands admirateurs, Sergueï Paradjanov, auteur des Chevaux de feu ou de Sayat Nova. Serge Avédikian, spécialiste français du cinéaste géorgien, viendra présenter le biopic qu'il lui a consacré (Le Scandale Paradjanov), ainsi qu'un documentaire (Sergueï Paradjanov, le rebelle).
Quelques échos aux éditions précédentes : une invitation à Catherine Corsini, une lecture et un ciné-concert autour d'Ultraviolette et le gang des cracheuses de sang (Grand Prix 2022), ou encore un excitant double programme consacré à Karim Dridi (récompensé en 2024 pour Fainéant.e.s).
La mythique productrice Christine Vachon présidera le jury long-métrage et accompagnera un très bel échantillon de sa filmographie. Parmi cette sélection, le culte Boys don't cry, qui a bouleversé la représentation trans à Hollywood et a valu à Hilary Swank son premier Oscar, est à redécouvrir. Sans oublier un Minidght movie spécial Factory avec I shot Andy Warhol, film oublié sur une figure féministe précurseuse, Valérie Solanas, suivi de l'étincelant Velvet Goldmine de Todd Haynes.
Écrans Mixtes
Du 5 au 13 Mars 2025 dans toute la métropole lyonnaise ; prix variables