Tout pour le jazz

par
Lundi 31 janvier 2005

Interview / Jacques Panisset défend l'idée d'un jazz ouvert à tout et à tous, terrain d'expérimentation et de croisements perpétuellement nourri de ses confrontations, artistiques comme géographiques.Propos recueillis par HG

De cheval de bataille, la volonté de favoriser l'émergence de nouveaux talents de la scène jazz européenne est devenue au fil des ans, votre véritable marque de fabrique...Jacques Panisset : En effet. Ce qui ne nous empêche pas de jouer sans cesse l'équilibre, en accueillant quelques grands noms incontournables qui font le patrimoine de cette musique. Un patrimoine d'ailleurs toujours terriblement vivant, j'en veux pour preuve le dernier album de Wayne Shorter, une référence et un exemple en terme de cross-over entre les générations. C'est la 33e édition du Grenoble Jazz Festival. Comment attire-t-on de nouveaux publics, année après année ?En multipliant les approches et les rendez-vous de proximité. A l'origine, les Midi Jazz et les Solos FNAC étaient surtout une façon de tordre le cou à la légende selon laquelle le jazz serait coupé du public jeune, par ailleurs toujours nombreux, ouvert et respectueux des artistes, ce qui prouve que tout cela va bien au-delà de la gratuité. Si certains ont un temps reproché à ces concerts un petit côté régional de l'étape, pas forcément faux d'ailleurs mais un peu méprisant, s'y produisent désormais les musiciens les plus créatifs de la région. Quant aux rendez-vous de 18h, ils sont installés comme un vrai moment de découverte, ce qu'on a toujours voulu. Aujourd'hui, peut-être plus que les soirées, ce sont ces rendez-vous qui donnent sa couleur au festival.A l'heure de réintégrer une Maison de la Culture qui vous a vu naître en 1973, quel bilan tirez-vous des années de Hors-les-murs qui viennent de s'écouler?La période que nous venons de traverser, à laquelle d'ailleurs la Maison de la Culture a toujours été associée, nous aura finalement permis d'approfondir des liens avec d'autres partenaires de l'agglomération et du département, liens qui existent désormais solidement, mais aussi de rechercher quelques axes artistiques nouveaux, comme avec Passages de l'Alpe qui s'attache à explorer l'imaginaire alpin en développant des projets autour de la notion de territoire. Ce rendez-vous aide à situer le festival sur une carte de l'Europe. La dimension de capitale des Alpes réelle ou supposée de Grenoble interroge les gens et le festival leur emboîte le pas, parfois avec décalage et humour. Mais surtout, Passages de l'Alpe se pose comme le cadre idéal pour faire naître des projets artistiques ambitieux. Maintenant que l'on a retrouvé l'écrin de la MC2 pour les accueillir, il va falloir se questionner sur notre capacité à les financer ensemble, pour les faire vivre.