Anguille sous roche

Dans la riche programmation du festival Musilac, un nom se détache sans mal. Prolifique en studio mais rare sur scène, l'anguille d'Eels nous fera en effet l'honneur de sa présence. Electrisant. Stéphane Duchêne

Au fil du temps, Eels aura fini par porter de mieux en mieux son nom, glissant tel l'animal éponyme, l'anguille donc, entre les genres, les albums plus ou moins inspirés -dont certains très inspirés-, le succès et les échecs. Et surtout ondulant parmi les états d'âme bien salés de son leader jamais démenti, le dénommé Mark Oliver Everett (ou Mr E), homme à la voix tantôt cristalline, tantôt ébréchée selon l'humeur, suppliante ou gravissime. Tout débute comme dans un rêve quand Eels est, en 1997, le premier groupe signé par un label ambitieux et glamour : Dreamworks Records, caprice conjugué de Steven Spielberg, Jeffrey Katzenberg (ancien patron de Disney) et David Geffen (patron du label du même nom qui compte dans ses rangs Beck, Weezer ou Nirvana). Le succès de Beautiful Freak, étrangeté musicale dans le pur esprit indé sera un succès critique conséquent et même public. De la «Novocaïne pour l'âme», comme le précise le premier titre de l'album. Le groupe passera d'ailleurs dans la foulée à Lyon pour un inoubliable concert au Transbordeur conclu par une version parlée façon «lecture de la Bible» du morceau Your Lucky Day in Hell par Butch, le batteur du groupe. La suite sera moins rose. Le groupe est certes entré dans le grand concert des groupes indés indispensables, mais Mr E sombre plusieurs fois dans la dépression suite à la mort successive de sa sœur et de sa mère qui donneront lieu à une discographie pour le moins maniaco dépressive : d'Electro shock blues (phase dépressive) en Daisies for the Galaxy (phase maniaque). Une réalité toute entière contenue dans le morceau le plus enthousiasmant du barbu à lunettes : Mr E's beautiful blues, comme un réveil primesautier après une nuit d'angoisse. Surtout, musicalement, Eels ne tient pas en place, touche à tout, ose le double album (Blinking Lights & others revelations où l'on trouve l'un des plus beaux titres du groupe : Railroad man), le rock plus dur (Souljacker, Hombre Lobo), le blues (Shootenanny!), le folk. Mais à chaque fois avec la patte reconnaissable entre mille de Mark Oliver Everett, incroyable boîte à chansons humaine. Mais ce qui fait aussi la préciosité d'un tel groupe, c'est aussi sa rareté sur scène, en tout cas dans nos contrées. Musilac sera ainsi la seule date de l'été du groupe en Rhône-Alpes. Une belle prise pour le festival du Bourget qu'on s'empressera d'aller déguster, histoire de prouver que l'anguille peut être un plat de choix. Eels
Esplanade du Lac
Vendredi 15 juillet

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