Critiques ciné : les films sortis en salles la semaine du 15 février 2023

À l'affiche / À voir dans les cinémas grenoblois ce mercredi : "L'Astronaute", "La Romancière, le film et le heureux hasard", "Domingo et la brume"...

À voir

★★★★☆ L'Astronaute

Recalé de la sélection pour intégrer l’Agence spatiale européenne, Jim est devenu ingénieur aéronautique chez ArianeGroup, sans remiser pour autant son ambition de pilote. Dans le secret de sa grange, il bâtit une fusée visant à lui faire réussir le premier vol spatial habité amateur. Un ex-astronaute vient l’aider…

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Il n’est pas si fréquent que le cinéma nous confronte à des expériences de poésie pure et totale ; qu’il nous fasse partager à ce point le double rêve d’un personnage et de son créateur. Les deux se confondent chez Nicolas Giraud, cinéaste à l’exaltation communicative mais aussi interprète principal d’un film dont le propos rejoint la forme. Merveille de douceur aérienne (ce qui fait joliment écho au sujet), L’Astronaute est ainsi l’exemple miraculeux d’un idéal stratosphérique dont la concrétisation n’a aucunement affecté la délicatesse. Vantant les mérites de l’obstination et l’importance d’être fidèle aux rêves qui nous animent, ce film – qui aurait pu choir dans les facilités d’une "belle histoire" avec fin heureuse – crée un ineffable sentiment d’élévation. Est-ce dû à la partition planante de Superpoze ? À la beauté plastique de l’image ? À la bienveillance que dégage Mathieu Kassovitz – il a rarement dégagé autant d’apaisement que dans ce rôle lui ouvrant la voie vers les emplois de mentor ? À la sérénité d’Hélène Vincent et la vivacité d’Ayumi Roux ? Le mérite revient sans doute au commandant de bord Nicolas Giraud : avec lui, on a toute confiance pour embarquer.

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De & avec Nicolas Giraud (Fr., 1h50) avec également Mathieu Kassovitz, Hélène Vincent, Ayumi Roux…


★★★☆☆ La Romancière, le film et le heureux hasard 

Une romancière venue visiter une amie libraire dans la banlieue de Séoul prolonge sa visite et tombe fortuitement sur un réalisateur, puis une actrice, et de fil en aiguille retourne dans la librairie pour discuter – l’alcool aidant – avec un poète. De cette succession de rencontres va naître un film dans le film…

En guère plus d’une quinzaine de plans au total (majoritairement en noir et blanc), Hong Sang-soo fixe l’anodin dans ce qu’il a de plus banal, fait de conversations entre politesses, embarras et apprivoisements mutuels saisis en temps réel. Comment ne pas voir dans ce film une mise en abyme de sa "manière", c’est-à-dire de son son art pour forger des histoires en organisant une synergie entre personnalités créatives devant sa caméra ? Ici, c’est une succession d’heureuses circonstances – le fameux hasard – qui fait office de metteur en scène pour provoquer l’amorçage d’un récit d’une simplicité évangélique, linéaire à souhait, reposant entièrement sur le discours et les dialogues. Bavard dans le plaisant sens rohmerien du terme, ce film demeure d’une réjouissante fraîcheur. On comprend qu’il ait conquis le Grand Prix à Berlin l’an dernier.

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De Hong Sang-Soo (Co. du S., 1h33) avec Hye-yeong Lee, Kim Min-hee, Young-hwa Seo…


★★★☆☆  Domingo et la brume 

Dans les hauteurs du Costa Rica, le vieux Domingo vit dans un village de plus en plus dépeuplé : une route est en construction et les expropriations plus ou moins musclées se multiplient. Mais Domingo est attaché à sa terre : il voit dans la brume qui s’y manifeste les visites du fantôme de sa défunte épouse…

Un pied dans la réalité politico-sociale, l’autre dans le réalisme magique. Le protagoniste du film de Ariel Escalante Meza est-il un rebelle doué de pouvoirs médiumniques ou bien un vieux fou définitivement condamné à l’effacement – un vestige métaphorique de ce qu’étaient ces paysans costariciens appelés à s’évanouir avec la progression galopante de cette "civilisation" motorisée, employant des nervis pour exercer sa loi ? Domingo, l’ultime sursaut d’une nature sauvage refusant la domestication (in)humaine, agit donc en légitime défense. Film d’ambiances répétitives troué de séquences flirtant avec le registre noir. Domingo et la brume est un clou supplémentaire dans le cercueil du peuple sud-américain.

De Ariel Escalante Meza (Co.-Ri.-Qa., 1h32) avec Carlos Ureña, Sylvia Sossa, Esteban Brenes Serrano…

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