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Événement / Avec du retard par rapport aux dates habituelles mais avec toujours autant de panache dans la débrouille, l’association Art dans Désir invite les amateurs de danse à savourer chaque rencontre de leur Ruée vers l’Art. François Cau
Normalement programmé au mois de septembre, le festival La Ruée vers l’Art s’est autorisé cette année une échéance plus longue qu’à l’accoutumée. Juste le temps de trouver une conjoncture plus favorable, plus propice aux envies de ses maîtres d’œuvre. Bon, la faute à pas de chance, leur thème Envisager la Ville en paix ne pouvait pas plus mal tomber. Mais en même temps, cet intitulé, plus qu’un appel au calme lié à la triste actualité récente, fait plutôt le lien avec le réseau Villes qui Dansent dont Art dans Désir est membre depuis 2002. Cette structure fédère des festivals européens ayant en commun leur appropriation innovante du paysage urbain, avec bien évidemment en ligne de mire des programmations croisées entre différentes villes. En 2007, les heureux élus sont Francesca Zaccaria et Giovanni Di Cicco pour la ville de Gênes (qui viendront présenter leur création La Stanza augurale é senza muri Place aux Herbes le 19 mai), la compagnie belge Irene K (avec X fois Robes, extrapolations inspirées d’œuvres d’art dont la captation vidéo nous a laissé sur notre faim – on se rattrapera en allant voir de visu Place aux Herbes le 25 mai ou un peu plus tard pour leur participation à la soirée de clôture). Et last but not least, la compagnie grenobloise Scalène fait également partie de cet échange, pour Presque solo, création concoctée par Youtci Erdos et Manuel Chabanis, qui devrait être assez ardue à reproduire en dehors de Grenoble. Et pour cause : il s’agira là d’une déambulation chorégraphique entre les œuvres de l’exposition Juan Muñoz du Musée de Grenoble (les 19 et 20 mai, si vous voulez tout savoir).
Réappropriation des lieux
D’autres lieux hétéroclites seront réquisitionnés le temps d’une création. Le Centre Culturel Scientifique et Industriel (CCSTI pour les intimes) par exemple accueillera Ceci est mon corps de la Compagnie Courrier de Nuit. La visée de Jean-Pierre Bonomo, chorégraphe habitué de la Ruée vers l’Art, est carrément «d’interroger les fondements de l’acte chorégraphique» à travers une série de questionnements liés à la dynamique corporelle. La théorisation intrigue, son intellectualisation effraie quelque peu, mais les premières images laissent suggérer un ludisme pas forcément présent dans la note d’intention (le spectacle se jouera les 18 et 19 mai). Encore plus ambitieux dans le détournement de son lieu d’exhibition comme dans sa logistique, le présupposé de la pièce intitulée Trapéziste et Airstar laisse songeur. Un trapèze est accroché sous un ballon gonflé à l’hélium – au bord de ce merveilleux engin volant, suspendu à plus de 20 mètres de hauteur au-dessus du site de la Bastille, un artiste exécute une série de mouvements harmonieux. À déconseiller aux victimes du vertige. Pour les autres, rendez-vous le 19 mai à 20h30, pour un événement s’inscrivant à la fois dans la programmation de la Ruée vers l’Art, mais aussi de la Bastille dans les Étoiles.
Nos préférences à nous
Art dans Désir fait venir cette année la chorégraphe / interprète Sud-Africaine Nelisiwe Xaba avec deux de ses (courtes) créations. Dans Plasticization tout d’abord, l’artiste noue un rapport ambigu avec la matière plastique, à la fois figuration du rempart contre les maladies vénériennes et matériau funeste de dégradation de la Nature. Un sentiment confus d’attraction répulsion que Nelisiwe Xaba traite sous un angle légèrement ironique, via son extraction languissante d’un sac plastique, chrysalide faussement malhabile. Dans Ils me regardent et c’est tout ce qu’ils pensent, l’artiste rend un hommage Sarah Baartman, Africaine exhibée au cours du 19e siècle tel un monstre de foire, sur la seule base de ses courbes plus que généreuses. Vêtue d’une armature volontairement disproportionnée, Nelisiwe Xaba se livre ici plus que dans Plasticization, donnant ainsi à cette pièce un écho glaçant sur sa propre condition d’artiste “exotique“, et sur les préjugés qui en découlent. Principal bémol pour ces deux spectacles (joués à CitéDanse le 18 mai), il vaut mieux s’imprégner de la lecture fournie par la chorégraphe pour pleinement les apprécier. Et enfin, avant d’aller shaker son booty à la soirée de clôture featuring les DJs d’Hadra et les VJs d’Anartistic (le 25 mai à la Salle Rouge), on se rendra la veille au Théâtre 145 assister à la représentation de Érection de la compagnie Dernière minute. Pour sa première création, Pierre Rigal a frappé fort. Il tient la scène à lui seul, aidé par des jeux de lumière et de vidéo toujours pertinents, figurant avec causticité l’évolution humaine. Point de virtuosité renversante dans l’exécution des mouvements, mais une interaction parfaite avec les projections diverses, une évidence dans le propos qui ne manque pas de faire mouche. On pense au travail de la Compagnie 111, à bon escient, puisqu’à la mise en scène on retrouve Aurélien Bory, l’une des têtes pensantes de l’équipe qui nous a notamment offert Plus ou moins l’infini en début de saison.
La Ruée vers l’Art
Du 18 au 25 mai, lieux divers Voir détails en pages agenda www.artdansdesir.com
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