Libé forum : jour 3 - Dimanche 20 septembre

9h30
Dernier jour de ce marathon. Dans la grande salle de l’Opéra, Volker Schlöndorff accueille la centaine de spectateurs matinaux pour accompagner la diffusion de son film Le Neuvième Jour, tourné en 2004. Aucune date de sortie française n’est officiellement prévue pour l’instant pour ce film pourtant multi primé. Retraçant le parcours d’un abbé luxembourgeois déporté à Dachau, Le Neuvième Jour raconte l’histoire de cet homme durant les neufs jours de permission que lui ont accordé les officiers nazis afin d’établir un dialogue entre l’Église et le Reich. Malheureusement diffusé dans une VF peu séduisante, ce film inspiré d’une histoire vraie s’enlise parfois dans des effets de ralenti inutile. Mais qu’importe, ce long-métrage de Volker Schlöndorff est l’un des rares sujets sur les camps dirigé par un Allemand alors que Spielberg, Polanski ou Resnais ont su s’emparer du sujet bien avant lui. Il n’y aura ensuite pas de débat entre Volker Schlöndorff et le ministre de la Culture français, Frédéric Mitterrand. Ils sont en accord, livrant une réflexion vivante sur l’identité de la culture européenne. Le ministre, qui préfère d’ailleurs ne pas avoir l’étiquette de ministre ce dimanche matin, insiste sur le fait que l’Europe politique est en retard sur l’Europe culturelle, citant notamment la Turquie et son attachement très fort à ce pays qu’il connaît bien et qui est selon lui très européen. Il nomme aussi ces pays oubliés du continent européen (Moldavie, Biélorussie, Macédoine et Albanie) qui ont une culture commune avec la nôtre. Schlöndorff de son côté insiste sur la tendance des Européens à se replier sur eux-mêmes. Même s’il craint la mondialisation de la culture («qui ne doit pas être une américanisation»), il a plus peur encore de ce qu’il nomme la «provincialisation» de l’Europe. Pour cette discussion, l’Opéra a fait salle comble et parmi les questions posées par les spectateurs, le sujet de la récente fermeture du CNP Odéon est évoqué. Frédéric Mitterrand dit apprendre tout de la situation et déclare : «en ce qui concerne l’Odéon, bien évidemment je vais m’en occuper. On ne peut pas me dire impunément qu’une salle va mourir». Affaire à suivre…11h30
Dans la diversité des thèmes abordés au cours de forum, le débat «De quoi le Rhin est-il la frontière ?» a permis d’évoquer les différences et ressemblances entre Français et Allemands. Ces deux pays ont une longue histoire commune, mais leurs modes de pensée et de fonctionnement ne sont pas forcément les mêmes. Toutefois, de multiples échanges (universitaires, culturels, économiques) ont lieu entre ces nations dont l’attraction mutuelle n’est pas à démontrer.14h30
Grand écart avec la réflexion sur «Folie, le retour des murs» : le psychiatre Franck Chaumon a pointé le retour de murs symboliques dans le traitement des malades psychiatriques pour cause de manque de moyens financiers et humains. De plus, la tendance actuelle vise à anticiper tout risque par l’enfermement (ou la neutralisation «médicamenteuse») de ceux dont l’état de santé mentale peut être un risque pour la société. Franck Chaumon pose par extension la question que Michel Foucault avait soulevée à son époque : peut-on vivre avec ses dissemblables, ces hors-normes selon les critères d’une société à un instant T ? L’Italie a répondu à cette question : depuis 1978, les hôpitaux psychiatriques n’existent plus. Mario Colluci, psychanalyste, témoigne de la possibilité de faire cohabiter les malades psychiques et la communauté. Il démontre les bienfaits de leur réhabilitation en tant que citoyens, et insiste sur le rôle social qu’ils peuvent jouer, notamment dans les méthodes d’insertion professionnelle mises en place de l’autre côté des Alpes. Là où la France sécuritaire suppose que le malade est coupable par anticipation, justifiant son internement, l’Italie a institué depuis trente ans la primauté de la santé de l’individu malade sur la sécurisation du groupe.17h45
Dernier moment d’échanges avec Max Armanet, directeur du forum, Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération et Gérard Collomb. C’est l’heure des remerciements réciproques et de ce constat chiffré : 19 000 billets ont été émis au cours de ces trois jours comme lors des précédentes éditions grenobloises. Soixante rencontres, deux fois plus de débatteurs. Malgré les quelques absents de marques (Lech Walesa, Vincent Peillon ou Martine Aubry). L’équipe du journal est très satisfaite de ce déplacement dans la capitale des Gaules et pourrait y revenir, le maire leur a fait un véritable appel du pied dans ce sens.

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