Vers l'infini et au-delà : exploration intergalactique à Lyon

OVNI / Vous êtes-vous déjà demandé comment envoyer certaines personnes sur une autre planète ? Vaisseaux abandonnés, vieilles soucoupes, ovnis architecturaux… il y a, à Lyon, pas mal de petits et gros endroits pour faire avancer la question. Nous en avons exploré un : décollage pour l’Hôtel de la Métropole, presque vers l’infini et surtout au-delà !

En matière d’engins extraterrestres, l'Hôtel de la Métropole, sorti de terre en 1976 pour héberger les services de la Communauté Urbaine de Lyon (Courly), fait office de vaisseau mère. Avez-vous remarqué, à son sommet, ces espèces de bouches d’aération géantes ? Tout porte à croire qu’elles servent à faire décoller ou atterrir des engins de l’espace, comme si l’immeuble était un garage à soucoupes (ou à drones). Après recherches, nous avons le regret de vous annoncer que ce n’est pas le cas. Par contre, l’explication est inédite d’un point de vue architectural.

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Un bâtiment en lévitation

Pour tirer l’affaire au clair, il faut changer de perspective. Et si ce que l’on voyait de l’extérieur n’était pas des rampes de lancement mais… les fondations de l’immeuble ? Les quatre bouches d’aération qu’on aperçoit depuis la rue sont la partie visible de quatre énormes piles de béton, auxquelles tous les planchers du bâtiment sont suspendus.

Hôtel du Grand Lyon, Nicolas Daum, Bibliothèque municipale de Lyon / P0732 045 00029

S’il n’est pas un ovni, l’Hôtel de la Courly est cependant un bâtiment en lévitation : tout tient en appui sur les piliers. Une volonté de se connecter à l’espace plutôt qu’au centre de la terre ? Sur le plan métaphysique, on ne sait pas. Mais sur le plan littéral, la réponse d’un des architectes est claire : « étant tenu par le haut, le bâtiment réagit comme un pendule en cas de tremblement de terre. Il y a un polygone de sustentation énorme qui résiste à de fortes secousses. Le risque d’effondrement est donc moindre qu’avec des structures portées. »  En d’autres termes, le fait d’être suspendu confère au bâtiment des propriétés parasismiques.


L’effet de suspension est visible depuis l’extérieur : apercevez-vous les gros câbles tendus depuis les bouches d’aération ? Ce sont eux qui portent la façade du bâtiment, elle aussi suspendue. Quant aux quatre piliers en béton armé, ils sont creux : on n’y fait pas descendre des ovnis dans le sous-sol du bâtiment, mais ils abritent des ascenseurs et des canalisations.


Du métro à l’espace

Le duo d’urbanistes-architectes à l’origine du bâtiment, Gimbert et Vergély, a une relation particulière aux transports : c’est à eux que l’on doit entre autres les premières stations de métro lyonnaises.

Pour remporter le concours du siège de la Courly, ils ont opté pour un parti pris fort : éviter de construire un immeuble classé IGH (Immeuble de Grande Hauteur). Un choix à l’opposé de beaucoup d’autres propositions d’agences concurrentes, qui imaginent des tours façon quartier d’affaires. 

Simple choix d’opposition pour se démarquer ? Pas seulement : contourner la classification IGH permet d’utiliser des matériaux moins chers et d'éviter la pose de nombreuses cloisons (prévues pour ralentir la propagation des feux). L’approche plaît à la toute jeune Courly de l’époque, car l’aménagement de ses bureaux au gré des changements d’organisation sera facilité par les gigantesques plateaux paysagers sans cloisons.

L’architecte évoque un dernier aspect pour compléter la démarche initiale : « le citoyen doit se sentir protégé, à l’abri de ce grand parapluie ». Plusieurs décennies et une loi Immigration plus tard, dans le square Marie Perrin à quelques pas de là, des mineurs isolés campent en attendant de pouvoir s’y abriter.

Salle du Conseil ou cabine de pilotage  ?

Terminons la visite à l’intérieur du vaisseau, dans la salle du Conseil. Elle est, elle aussi, entièrement suspendue, c’est-à-dire qu’elle ne comporte aucun pilier. Technologie extra-terrestre ? La vérité est, là encore, plus terre à terre : la pièce est portée par 2 poutres, qui soutiennent la dalle au moyen d’une trame d'une petite dizaine de mètres.


Conseil de communauté du Grand Lyon, séance du 20 septembre_2005, Bertrand Riotor, Fonds Lyon Figaro, Bibliotheque Municipale de Lyon

Grâce à elles, pas de pilier disgracieux qui empêche de suivre le bon déroulement des débats. À cela s’ajoute un périscope pour observer les échanges dans la salle depuis le dessus et apporter de la lumière. À défaut de pouvoir envoyer les personnes qui abusent de leurs privilèges sur une autre planète, on pourra au moins y assister à la fabrique de la démocratie locale.

Prolonger la balade en vrai ou en pensée

  • Se casser sur Mars, ou plutôt partir sur les traces de Perseverance, à l’occasion d’une soirée scientifique animée par Cathy Quantin-Nataf, membre de la mission Mars2020, mardi 13 février à 19h au CCVA (Villeurbanne)
  • Aller voir de vrais vaisseaux spatiaux au Planétarium de Vaulx-en-Velin : profitez-en pour passer le bonjour à Véronique, une fusée-sonde qui a réellement voyagé dans l’espace et qui est l’une des ancêtres de la fusée Ariane.
  •  Pousser jusqu’à l’Observatoire de Saint-Genis-Laval, qui organise régulièrement des soirées découvertes du ciel.
  •  Si vous préférez rester les pieds sur Terre, assister à un conseil de la Métropole. Le prochain a lieu lundi 12 février. 

Sondage : avez-vous envie que l’on poursuive l’exploration de ces bâtiments qui ressemblent à des vaisseaux ? Si oui, lequel a votre préférence ? 

  • La piscine du Rhône
  • L’auditorium Maurice Ravel
  • L’amphithéâtre 3000
  • Le centre international de recherche sur le cancer (CIRC)
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Informations pratiques :

Hôtel de la Métropole, 20 rue du Lac, Lyon 3ᵉ

Sources  :

 

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