Voyage / Entre gestes minimaux, pratiques furtives, visions grandioses et subversions visuelles, la programmation artistique de la ville de Lyon offre un mois de mars riche et captivant. Cinq expériences de visite à découvrir.
Shaped Colors par Élodie Seguin
Réticente à toute expression monologique de l'art, Élodie Seguin met à profit la triple partition de l'espace d'art contemporain du Quai de la Pêcherie afin de permettre la rencontre entre les différentes phases de son travail et revendiquer la mutation continue de l'acte de s'exposer. Si la première salle accueille Transparence sans transparence, installation site specific au pouvoir envoûtant, à même de glisser un doute scopique dans la conjonction entre la peinture analytique et le minimalisme, les autres salles déclinent le geste différent et répétitif à travers un nuancier lyrique et des objets contraints dans de grands blisters thermoformés.
À la BF15, Lyon 1, jusqu'au samedi 23 mars
En forêt avec Vincent Munier
Vincent Munier, l'un des plus importants photographes naturalistes actuels, est au centre d'une exposition immersive ouverte récemment au Musée des Confluences. Originaire des Vosges, il poursuit depuis son plus jeune âge la recherche du sauvage et du beau et, après avoir arpenté les endroits naturels les plus fascinants et incontaminés de la planète, son regard s'est posé à nouveau dans la proximité familière des forêts françaises. À travers son œil poétique, il est possible de faire l'expérience d'un instant d'émerveillement naturel s'ouvrant à la découverte d'un équilibre fragile menacé par le réchauffement climatique.
Au Musée des Confluences jusqu'au dimanche 27 avril 2025
Jean Couty en grand ! Le peintre et les grands formats
Grand interprète des transformations de la ville, Jean Couty a forgé pendant six décennies, dans son atelier de l'île Barbe, des œuvres fortes et poétiques. Le musée qui porte son nom consacre une exposition à ses peintures les plus grandioses, du célèbre portrait de Paul Bocuse aux vues de Lyon, Venise et New York, en passant par les œuvres sociales dédiées à Mai 68, au dur labeur des ouvriers dans les chantiers lyonnais ou des paysans dans la campagne turque. Un parcours passionnant déclinant des tons réalistes et méditatifs à ses débuts aux compositions lyriques de la maturité, enrichi par le prêt exceptionnel de l'imposant (226x363 cm !) Bénédicité du Musée des Hospices Civils de Lyon.
Au Musée Couty, Lyon 9, jusqu'au dimanche 6 octobre
River of no Return par Sylvie Selig
Lors de la dernière Biennale, elle avait subjugué le public et la critique avec sa grande installation qui clôturait l'exposition à Fagor, recevant ainsi une consécration tardive mais largement méritée. Son univers étrange est peuplé de sculptures inquiétantes, d'élégants travaux brodés et d'histoires picturales aux agencements cinématographiques. À l'occasion de la grande exposition au MAC, l'ancienne illustratrice de livres pour enfants présentera, outre les œuvres sélectionnées de sa propre collection, River of no Return, l'inédite toile titanesque de 140 mètres qui raconte l'odyssée de trois personnages sur une rivière et leurs rencontres avec l'art contemporain.
Au MAC du vendredi 8 mars au dimanche 7 juillet
Sous les balcons fleuris par Guillaume Chamahian
Derrière le titre poétique Sous les balcons fleuris se cache un travail dramatique sur les images d'un pays, la Syrie, en guerre depuis 2011. Guillaume Chamahian, photographe autodidacte, se confronte dès le début du conflit à l'énorme masse d'images syriennes qu'elles soient officielles, clandestines ou fake news visuelles, intervenant sur celles-ci afin de laisser émerger le « bruit » qui les trahit. Organisée en trois volets, l'exposition se concentre sur la famille el-Assad, sur les Syriens (partisans ou opposants à el-Assad) et sur « César », nom de code donné au photographe qui a pu exfiltrer plus de 50000 clichés, preuves des tortures du régime.
Au Bleu du Ciel, Lyon 1, du vendredi 15 mars au samedi 25 mai