Festival / La 40ème édition des Reflets du cinéma Ibérique et Latino-américain met à l'honneur les cinémas de 16 pays à travers 47 films diffusés dans l'enceinte du Zola. Une édition marquée par l'envie d'explorer l'Histoire d'un continent mais aussi celle du festival.
Né dans les années 80 alors que l'Amérique latine entamait un processus de démocratisation, les Reflets fêtent leur 40ᵉ anniversaire à l'heure où les populismes autoritaires ont repris du poil de la bête (Milei aujourd'hui, Bolsonaro hier). Le festival, qui s'est construit comme le miroir de continents en proie à des turbulences, continue d'interroger l'histoire présente et passée à travers ses sélections. Avant-premières, inédits et rétrospectives de 16 films piochés dans les programmations antérieures sont au cœur de cette édition.
Coup d'œil dans le rétro
Les Bruits de Recife, impressionnant coup d'essai de Kléber Mendonça Filho, explore la tentation sécuritaire croissante des habitants d'un quartier résidentiel aisé, entre réalisme brut et visions horrifiques scotchantes. Quatre ans avant l'élection de Jair Bolsonaro, le cinéaste étudiait les bas instincts et inquiétudes d'une caste de nouveaux riches.
L'herbe n'est pas plus verte au Chili. El Club de Pablo Larraín atomise subtilement les dérives du pouvoir religieux dans un huis clos acide où des prêtres catholiques purgent leurs crimes et péchés passés dans une demeure en bord de mer jusqu'à ce qu'une ancienne victime réapparaisse et trouble leurs quotidiens...
Retour en Europe avec un formidable film espagnol, Balada Triste, chef-d'œuvre d'Alex de la Iglesia. Le récit d'une rivalité entre deux clowns se disputant l'amour d'une acrobate, virant à l'affrontement à mort sous la dictature de Franco. Noir, tragique, violent mais aussi baroque et terriblement poétique.
Écrire le futur
Inédit en salles, Prison 77 d'Alberto Rodriguez (La Isla Minima) assure l'ouverture, en évoquant la transition démocratique de la péninsule ibérique en 1977, par un prisme original : la prison. Un thriller carcéral, émotionnellement percutant et politiquement rageur.
En clôture, ce sera El Professor co-réalisé par Maria Alché et Benjamin Naishtat. Un changement de registre pour l'auteur du brutal Rojo qui s'essaie à la comédie. Et qui, on l'espère, n'a pas perdu sa vision mordante de la société argentine.
Avant-première à surveiller, Heroico, deuxième long-métrage de David Zonona, observe le processus de déshumanisation d'une académie militaire mexicaine par le regard d'un jeune indigène broyé par un système, prolongement et allégorie d'une philosophie nationale.
Les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain
Du 13 au 26 mars au cinéma Le Zola