Riverie : chasse aux curiosités architecturales et panorama grandiose

Patrimoine / Visiter un village de caractère demande un certain savoir-faire. Passée la déambulation autour des quelques points d’intérêts, où accrocher son regard et comment s’occuper ? Escapade dans la plus petite commune du Rhône et conseils pour se donner de la contenance tout en profitant du moment.

Au commencement était Riverie : la plus petite commune du Rhône, perchée sur les monts du Lyonnais, avec le fabuleux panorama qui va avec. Riverie se déploie sur 42 hectares, dont la moitié sont dévolus à l’activité agricole : à titre de comparaison, on pourrait la faire rentrer trois fois dans le 1ᵉʳ arrondissement… Une surface idéale pour se réconcilier avec les visites patrimoniales.

Vous ne savez jamais vraiment quoi regarder quand vous déambulez dans un joli village ? Voici une liste de choses à chasser du regard, et les sujets de conversation qui vont avec. On ne s’attardera pas ici sur les bâtiments historiques, dont vous pourrez découvrir l’histoire sur place grâce à un ingénieux système de QR Code. On fera plutôt attention aux petits détails architecturaux à chasser au fil de votre déambulation. Ils paraissent insignifiants, mais faites-leur confiance pour alimenter les discussions pendant la visite.

Symboles mystiques

Sur certains volets ou portes d’entrée, vous distinguez des losanges. Outre leur intérêt décoratif, ils ont un but protecteur. Leur forme est symbolique : les losanges représenteraient la fécondité (appliquée aux familles et aux troupeaux). Certains lui accordent même la valeur de « porte d’entrée et de sortie du monde ».

Nous voilà bien avancés ! Pourquoi cette forme géométrique porte une symbolique si forte ? À défaut d’avoir la réponse, on peut se ranger à une hypothèse plus pragmatique : les losanges sur les volets permettent de savoir s’il fait jour ou nuit quand on les a fermés.

Vestiges d’apéros

Si les motifs sur les volets et les portes séculaires sont passionnants à décortiquer, les murs ne sont pas en reste, comme en témoigne cette intéressante tradition. Vous est-il déjà arrivé, après une soirée bien arrosée, de dessiner des motifs sur le sol en alignant les bouteilles vides ? À Riverie, vous constaterez que c’est un réflexe ancestral.

Les cadavres de bouteilles ne sont pas alignés le long des maisons, mais emmurés. Ils témoignent de la générosité des propriétaires, qui offraient des apéros aux maçons pour marquer les grandes étapes de la construction d’un bâtiment. En hommage, les maçons intégraient les bouteilles vides aux murs des façades. Pratique, ça évite d’aller à la benne à verre.

On s’interroge : plus le motif est complexe, plus le festin était royal ? « La surenchère sociale d’un propriétaire à l’autre, d’un maçon à l’autre, chauvine d’un village à l’autre, n’est pas à exclure… », analysait Lucien Barou en 1998. Car cette tradition est répandue dans la région : on peut en admirer d’autres spécimens à Savigneux, Larajasse ou encore Bibost.

Marqueurs sociaux
 

Tant qu’à être dans la surenchère sociale, avez-vous remarqué que certaines corniches arborent plusieurs rangées de tuiles ? Il ne s’agit pas seulement d’un procédé astucieux pour les rendre étanches. C’est aussi un marqueur social : plus les rangs sont nombreux, plus le propriétaire des lieux était privilégié. On les appelle les corniches lyonnaises et elles sont placées au-dessus des portails. Lorsque vous en croiserez, vous saurez donc à qui vous avez à faire.

Si vous avez toujours rêvé d’entrer dans une pièce, de taper sur un mur et d’affirmer d’un air nonchalant et confiant, « c’est du placo », voici enfin un terme à placer dans la conversation pour démontrer votre expertise en villages de caractère. Certaines pierres forment un demi-cercle au-dessus des pas-de-porte : cela s’appelle un arc de décharge, son rôle est de protéger le linteau des portes du poids du mur.

Playground avec vue. Crédit photo : Maxence Jacquier

Vous avez à présent trois détails à chasser à travers les rues de Riverie pour agrémenter votre visite. Lorsque vous tomberez dessus, n’hésitez pas à donner une explication aux personnes qui vous entourent, en prenant un air averti. Mais ces éléments ne sont qu’une porte d’entrée. Il vous reste encore beaucoup à découvrir derrière les enceintes du plus petit village du Rhône : un tilleul fantôme, le playground de basket avec la plus belle vue du Rhône ou encore l’histoire qui se cache derrière la rue Morte. Car souvent, le plus intéressant ne se débusque pas dans les articles.

Prolonger la balade en vrai ou en pensée

• Tenter de deviner le nom des habitants de Riverie. Riverains, riviéristes, riverois ? Ce sont en fait les Rampognauds ! Tout comme l’unique café de la cité.
• Vous arrêter pique-niquer à la chapelle Saint-Vincent de Saint-Laurent d’Agny (un peu plus de 2h de marche, beaucoup moins en voiture). Si vous voulez combiner visite patrimoniale et randonnée, notez que le village est traversé par le GR7.
• Méditer sur le fait que le village compte un peu plus de 300 habitants et que c’est à peu près le même nombre qu’au début du 17e siècle.
• Emporter avec vous Monts du Lyonnais, mystères et secrets, de Françoise Forquin-Gavanier aux éditions du Poutan et partir à la découverte de plein d’autres curiosités architecturales dans les autres villages de la zone.
• Glycine, rosier grimpant, chèvrefeuille, lierre, bignone, clématite, hortensia grimpant : donner un angle botanique à votre visite en identifiant les plantes grimpantes que vous rencontrerez sur les façades et dans l’espace public.

Classez ces 3 endroits du plus petit au plus grand : 

Le parc de la tête d’or
Riverie
Le 1ᵉʳ arrondissement
Solution : Riverie : plus petite commune du Rhône, 42 hectares. Parc de la Tête d’Or, 117 hectares, 1ᵉʳ arrondissement 151 hectares

Sources citations :

• Première citation
• Seconde citation :  Lucien Barou, Et délivrez-nous du mal... Signes et rites de protection en Forez rural aux éditions PU Saint-Etienne.
• Les deux citations sont recensées dans l’ouvrage de Françoise Forquin-Gavanier Monts du Lyonnais, mystères et secrets, aux éditions du Poutan