de Cristian Nemescu (Roumanie, 2h35) avec Armand Assante, Razvan Vasilescu...
Il est important de souligner que le sous-titre de California dreamin', récompensé par le prix Un certain regard à Cannes, est Endless. En effet, le film est à plus d'un titre «sans fin» : le montage présenté en salles est celui, provisoire, que le cinéaste avait achevé juste avant sa mort tragique dans un accident de voiture. Le problème, c'est que l'œuvre elle-même est à l'écran une sorte de film sans fin, où se dessinent de réelles qualités cinématographiques mais englouties derrière des longueurs flagrantes et franchement handicapantes, qui s'infiltrent partout (dans les plans, les séquences et même les cartons introduisant chaque acte...) Ça démarre fort avec une impressionnante scène de bombardement tournée en noir et blanc, où un obus descend les escaliers tandis que les habitants de l'immeuble essaient de s'enfuir. Nous sommes dans la Roumanie de la deuxième guerre mondiale, qui attend la délivrance et les Américains, mais n'aura, en guise de sauveurs, que les soldats de l'armée soviétique. On connaît la suite, donc ellipse. Cinquante ans plus tard, les Américains débarquent enfin en Roumanie, prêts à aller faire la guerre au Kosovo. Un convoi va se retrouver bloqué dans un bled perdu, pris en otage par un petit chef de gare qui ne s'est jamais remis de cette «trahison» initiales, mais les soldats seront accueillis à bras ouverts par une population locale oscillant entre traditions surannées et ennui mortel, entre émois de jeunes filles pubères et manœuvres politiques pour nouer une entente cordiale avec ces hôtes embarrassés. En scope et caméra à l'épaule, Nemescu réussit à faire vivre la géographie humaine et colorée de cette communauté complètement déphasée, en retard sur le train de l'Histoire, en pleine poussée de sève et de liberté. Mais la fragilité du propos, alliée à cette durée injustifiée et sûrement involontaire, laisse seulement deviner le bon film que California dreamin' aurait pu être...CC