California dreamin'

Mercredi 9 janvier 2008

de Cristian Nemescu (Roumanie, 2h35) avec Armand Assante, Razvan Vasilescu...

Il est important de souligner que le sous-titre de California dreamin', rĂ©compensĂ© par le prix Un certain regard Ă  Cannes, est Endless. En effet, le film est Ă  plus d'un titre «sans fin» : le montage prĂ©sentĂ© en salles est celui, provisoire, que le cinĂ©aste avait achevĂ© juste avant sa mort tragique dans un accident de voiture. Le problème, c'est que l'œuvre elle-mĂŞme est Ă  l'Ă©cran une sorte de film sans fin, oĂą se dessinent de rĂ©elles qualitĂ©s cinĂ©matographiques mais englouties derrière des longueurs flagrantes et franchement handicapantes, qui s'infiltrent partout (dans les plans, les sĂ©quences et mĂŞme les cartons introduisant chaque acte...) Ça dĂ©marre fort avec une impressionnante scène de bombardement tournĂ©e en noir et blanc, oĂą un obus descend les escaliers tandis que les habitants de l'immeuble essaient de s'enfuir. Nous sommes dans la Roumanie de la deuxième guerre mondiale, qui attend la dĂ©livrance et les AmĂ©ricains, mais n'aura, en guise de sauveurs, que les soldats de l'armĂ©e soviĂ©tique. On connaĂ®t la suite, donc ellipse. Cinquante ans plus tard, les AmĂ©ricains dĂ©barquent enfin en Roumanie, prĂŞts Ă  aller faire la guerre au Kosovo. Un convoi va se retrouver bloquĂ© dans un bled perdu, pris en otage par un petit chef de gare qui ne s'est jamais remis de cette «trahison» initiales, mais les soldats seront accueillis Ă  bras ouverts par une population locale oscillant entre traditions surannĂ©es et ennui mortel, entre Ă©mois de jeunes filles pubères et manœuvres politiques pour nouer une entente cordiale avec ces hĂ´tes embarrassĂ©s. En scope et camĂ©ra Ă  l'Ă©paule, Nemescu rĂ©ussit Ă  faire vivre la gĂ©ographie humaine et colorĂ©e de cette communautĂ© complètement dĂ©phasĂ©e, en retard sur le train de l'Histoire, en pleine poussĂ©e de sève et de libertĂ©. Mais la fragilitĂ© du propos, alliĂ©e Ă  cette durĂ©e injustifiĂ©e et sĂ»rement involontaire, laisse seulement deviner le bon film que California dreamin' aurait pu ĂŞtre...CC