Deux créations cochonnes

par JED
Vendredi 25 juin 2010 / Lyon

Photo : Vincent Arbelet

Cirque / Une danseuse effleure, caresse, presse des entrailles ou des panses pendouillant au milieu d'une petite scène... Plus tard, elle se mettra à éructer en réalisant quelques mouvements altiers. Dans une autre salle, une sorte d'homme-golem sort des tréfonds d'une grotte pour ensuite entremêler bizarrement des gestes primitifs à d'autres beaucoup plus nobles : jongler, danser sur de la musique baroque... Ces deux séquences de dix minutes constituent la moitié du spectacle «Groin» imaginé par Paola Rizza, Volodia Lesluin et Nathan Israël. Celui-ci nous précise que «Groin met l'accent sur l'idée d'oxymore, chaque performance tentant de poser quelques questions sur des notions opposées et réunies ici : le beau et le repoussant, le masculin et le féminin, le propre et le sale...». Les trois complices présentent parallèlement un autre spectacle, «Lardesque», qui lui joue d'une mise en abyme de l'espace scénique : une scène s'ouvre sur une autre scène qui s'ouvre sur une autre scène, etc. Les protagonistes apparaissent alternativement sous forme humaine ou recouverts d'un masque de cochon. «Notre histoire vise à confronter les hommes entre eux, les hommes avec les cochons et leur part d'animalité, de mettre en lumière des rapports de force et de domination, le tout dans un univers étrange à l'esthétique sombre, entre rêve et cauchemar... Il s'agit de troubler le spectateur, de montrer que le monde n'est jamais totalement clair, raisonnable, et qu'il recèle des zones d'ombres à la fois fascinantes et dramatiques». Pour cela, les deux interprètes de «Lardesque» useront à la fois de leurs talents de danseurs, de comédiens sans texte et d'artistes de cirque. JED