Double je

Photo : (c) Yves Roudet
Théâtre / Après avoir mis en scène «Le Prince de Hombourg», Françoise Maimone continue à explorer l'univers de Kleist. Le dramaturge allemand a traduit et a adapté à sa manière (plus tragique que comique) en 1805 l'"Amphitryon" écrit par Molière un siècle et demi plus tôt. Il retrouve des thèmes qui lui sont chers et qu'il avait notamment explorés dans La Petite Catherine de Heilbronn : l'intervention d'un élément surnaturel, le mystère. Ici, Jupiter, roi des Dieux, est tombé amoureux d'Alcmène, et prend l'apparence de son époux Amphitryon parti à la guerre pour se glisser dans les draps de la belle qui n'y voit que du feu. D'une impressionnante maîtrise, ce texte questionne l'identité, le double et l'usurpation de façon presque psychanalytique. Sur scène, dans un judicieux décor de portes coulissantes, les protagonistes se dévoilent et se cachent à l'envi. Le valet, Sosie (prénom qui deviendra ensuite un nom commun) se démène brillamment face à Mercure qui lui a volé son rôle. Julio Guerreiro, metteur en scène à ses heures, est un comédien constamment juste et pleinement dévoué à son personnage. Céline Arnaud, dans le costume d'Alcmème, évolue, a contrario, dans une retenue qui dessert son rôle. Ses gestes s'évanouissent avant la fin de leur mouvement, les étreintes avec Amphitryon et/ou Jupiter se sont pas franches et semblent feintes. Mais l'habillage musical signé Gérard Maimone rééquilibre solidement l'ensemble. Des nappes tantôt électro, tantôt orientalisantes enveloppent ce spectacle avec audace. Nadja PobelAmphitryonÀ l'Astrée (Université Lyon 1, site de la Doua), jusqu'au vendredi 15 octobre.