Lundi 18 septembre 2023 On attend avec impatience la création d'Olivier Martin-Salvan, Péplum médiéval, présenté comme une déclaration d'amour au Moyen Âge.
Inaugurée en grande pompe en septembre 2004 après six années de fermeture pour rénovation, la nouvelle Maison de la culture, sobrement baptisée MC2, est depuis un mastodonte local à la renommée nationale – voire plus. Suivant une logique mathématique on ne peut plus prévisible, elle fête ses dix ans les 20 et 21 septembre, avec Olivia Ruiz et Jean-Claude Gallotta en maîtres de cérémonie. Mais avant de guincher, on remonte le fil de l’histoire.
17 septembre 2004. Du côté de l’ancien Cargo, le long du tram A entre le parc Paul-Mistral et la Villeneuve, c'est l’effervescence. La rénovation de la Maison de la Culture ouverte en 1968 (l'année des Jeux olympiques) par André Malraux et fermée depuis six ans est enfin achevée. Ne reste plus qu'à inaugurer cette fameuse Maison de la Culture 2, de façon grandiose s'il vous plaît. Avec, en plus des artistes locaux (le chorégraphe Jean-Claude Gallotta, ou encore Marc Minkowski, le chef d’orchestre des Musiciens du Louvre Grenoble), les classieux Alain Bashung et Christophe en concert : un lancement qui a de la gueule.
Plus de 30 000 personnes se pressent rue Paul-Claudel pour découvrir « le must MC2 » comme le titra Libération. Allez, on y va, on monte quatre à quatre ces immenses escaliers et on oublie les derniers calamiteux rebondissements – même si le Cargo hors les murs avait plutôt bien fonctionné.
« Bouger avec le monde »
Car malgré la vétusté de l'ancien Cargo, sa réfection n'allait pas de soi pour tous. Le coût des travaux sans cesse en augmentation (quelque 42 millions d'euros, couverts en partie par la Ville et l’État – le deuxième plus gros chantier culturel en France, après Beaubourg à Paris), leur durée interminable et la peur de voir cette gigantesque MC2 tout dévorer sur son passage n'ont pas apaisé les tensions.
« 1989 – 2004, la route a été longue entre le premier projet d'entretien et de maintenance d'un bâtiment usé par les années et l'ouverture d'une nouvelle Maison de la culture. Les équipements culturels ne sont pas des cathédrales […], ils ont pour fonction de bouger avec le monde, de s'adapter aux pratiques artistiques, de répondre aux besoins sans cesse renouvelés des publics » s'enthousiasme dans son discours Michel Destot, le maire de l'époque.
Il y a de quoi : la MC2 se transforme en gigantesque temple de la culture de 22 000 m² avec un Grand-théâtre flambant neuf de 1010 places, deux autres plus petites salles (dont une complètement modulable), un impressionnant auditorium de 998 places, des studios de répétition… Plus qu'un temple, un véritable multiplexe culturel où plusieurs levers de rideau peuvent avoir lieu le même soir, avec du théâtre, de la danse, de la musique classique, des concerts divers – la pluridisciplinarité est véritablement dans l'ADN de la MC2.
À Paris comme à Grenoble
En dix ans, la MC2, plus grande scène nationale de France, a très bien su trouver sa place. Elle l'a même trouvée dès le début, grâce à son directeur Michel Orier. Ancien chef de la Maison de la culture d'Amiens passé ensuite par le cabinet de la Ministre de la culture Catherine Tasca, il est nommé à Grenoble deux ans avant l'ouverture. Soit le temps de développer un projet fort, exposé à tous dans son discours d'inauguration. « La question de l'audimat ne se pose pas ici, celle du public et de la démocratisation culturelle est permanente. […] Cette MC2 sera une grande maison de création pour le théâtre, la danse et, fait plus rare en France et d'autant plus remarquable, pour la musique avec cet auditorium. »
Avec des moyens conséquents (12 600 000 € de budget l’an passé : 53% de subventions et 47% de recettes propres – billetterie, mécénat...) pour mettre en forme une exigence culturelle qui se traduira chaque année dans la programmation. « La première raison d'être de cette Maison est que ce qui se passe d'essentiel à Paris doit se passer en même temps à Grenoble » clame avec emphase Renaud Donnedieu de Vabres, Ministre de la culture en 2004. Là-dessus, le pari est gagné, une majorité des artistes de renommée nationale voire internationale étant passée par Grenoble – sachant que le lieu a aussi joué un petit rôle de défricheur...
120 000 spectateurs par an
En 2014, la MC2 fait donc partie du paysage culturel grenoblois. Elle a conservé son identité tout en évoluant au fil du temps. Elle s’est ainsi dotée d’un nouveau directeur fin 2012 en la personne de Jean-Paul Angot. L’adjoint de Michel Orier lors de la réouverture, parti entre temps diriger l’Espace Malraux à Chambéry, a pris la succession de son ex-boss une fois celui-ci nommé au Ministère de la culture en 2012.
Autre changement : en 2013, la MC2 a avalé le Centre dramatique national des Alpes qu’elle hébergeait dans ses murs, et pourrait faire de même avec le Centre chorégraphique national de Grenoble dirigé par Jean-Claude Gallotta. Le dossier avancera – ou non – cet automne, sachant qu’un tandem pourrait se créer entre Angot et Gallotta.
À noter qu’aujourd’hui, la MC2 compte 58 salariés permanents et entre 50 et 100 intermittents par mois (selon l’activité de production et les tournées), pour quelque 120 000 spectateurs par saison.
Week-end des 10 ans de la MC2, les 20 et 21 septembre
Repères
1968 : Le 3 février, André Malraux inaugure la Maison de la culture de Grenoble, construite par l'architecte André Vogenscky (disciple du Corbusier). On l’appelle au départ la Macu.
1994 : Le Premier ministre Édouard Balladur fait le déplacement pour inaugurer le Musée de Grenoble. Et promet au maire Alain Carignon que l’État participera fortement à la rénovation de ce Cargo devenu décati – il pleut sur le plateau !
1998 : Fermeture du Cargo pour travaux – la programmation continuera hors les murs. On estime la durée des travaux à deux ans et demi. Mais plusieurs problèmes retardent le démarrage du chantier – découverte d’amiante notamment, ou mise en conformité avec les normes parasismiques. Les coûts flambent, la polémique enfle en ville.
2004 : Inauguration de la MC2 le 17 septembre avec à sa tête Michel Orier.
2012 : Jean-Paul Angot est nommé directeur.
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