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Malaise profond entre salariés et direction à la MC2
Par Valentine Autruffe
Publié Mardi 5 septembre 2023

Photo : © Lilian Presumey / PB Grenoble
Crise / Que se passe-t-il à la MC2 ? Depuis environ deux ans, à en croire les salariés, les conditions de travail se sont fortement dégradées. « Infantilisation », « humiliation », « intimidation », « épuisement », « détresse »… Les mots employés sont très forts. La direction s’est refusée à tout commentaire, indiquant seulement que la situation en cette rentrée est en train de s’apaiser.
« Un carnage », résume une salariée de longue date. Plusieurs employés de la MC2, sur les soixante que compte la scène nationale de Grenoble, ont accepté de se confier au Petit Bulletin sur leur ressenti au travail, à la condition d’un strict anonymat. Tous disent craindre des « représailles » – c’est à chaque fois le terme employé, qui en dit long sur l’état de la confiance entre les salariés et leur direction. « Moralement, c’est très dur. La politique managériale, ça ne va pas du tout. »
On entendait des échos, de-ci de-là, ces derniers mois, sur la tension interne dans le paquebot de la culture grenobloise. Mais c’est en mai dernier que le paroxysme a été atteint. Nos confrères de L’Obs, dans le cadre d’un cycle de conférences sur le thème "Diriger autrement dans la culture ?", publiaient une interview d’Arnaud Meunier, directeur de la MC2 depuis 2020. En substance, le metteur en scène y explique la nécessité, pour le secteur culturel, de s’ouvrir à la professionnalisation des ressources humaines, de se moderniser pour répondre à « une grave pénurie de personnel ». La MC2 est valorisée comme laboratoire national d’innovation en matière de ressources humaines et de management. Citation : « Quand vous recrutez des personnes aujourd’hui, elles se montrent très attentives à la qualité de vie au travail, réclament des horaires décents, des possibilités de télétravail, sont vigilantes sur la manière dont on s’adresse à elles, sur les risques de violences sexistes et sexuelles… Il est loin le temps où, à la fin des années 90, je me défonçais comme un fou dans des stages et où je ne songeais pas à demander à être rémunéré ! » Arnaud Meunier se défend de « céder aux dernières modes managériales », mais insiste sur la nécessité de « s’adapter aux évolutions de notre société ».
Un discours somme toute consensuel, mais qui a mis le feu aux poudres du côté des salariés de la MC2. « Cet article est une négation du mal-être des salariés », écrivent, dans un courrier adressé au conseil d’administration (CA) de la MC2, le Comité social et économique et 40 salariés. Les signataires ont consigné leurs noms auprès de l’inspection et de la médecine du travail, ne souhaitant pas s’exposer. La situation décrite est alarmante : il est question de « dérives managériales », « d’insécurité professionnelle », de « souffrances psychologiques et physiques », d’un « management autoritaire et infantilisant ».
« On a tous peur d’être dans le viseur »
Nous avons rencontré plusieurs salariés de la MC2 pour savoir, concrètement, ce qu’il se passe. Les témoignages, à divers degrés de gravité, racontent tous des problématiques similaires, de pur management. « On nous demande de faire quelque chose, puis on nous le reproche ensuite. » « On ne peut plus communiquer entre les services, tout doit passer par la direction pour redescendre ensuite. » « Dès que je fais quelque chose, la direction repasse derrière et refait tout, même pour des choses insignifiantes. J’ai l’impression de ne servir à rien. » « On remet en question toutes mes méthodes et ma gestion d’équipe. On me dit un jour noir, le lendemain blanc, le jour d’après bleu... Et tout cela n’est jamais consigné ni écrit nulle part. » « On travaille dans une urgence permanente, sous pression, c’est le rocher de Sisyphe. Il y a une désorganisation complète. » « On a tous peur d’être dans le viseur. » « Toute prise d’initiative est détruite, on est complètement déresponsabilisés. » « On travaille en flux tendu, en mode dégradé. Il y a zéro anticipation, et on reçoit des consignes contradictoires. On nous pousse au burn-out, et ensuite on nous le reproche. »
Dans leur courrier, salariés et CSE évoquent un turn-over très important, de nombreux arrêts maladie, des licenciements incompréhensibles et nombreux. Un climat de peur, de perte de confiance en soi et dans sa hiérarchie. C’est ce qui explique, selon les salariés, qu’ils n’ont plus de représentants au conseil d’administration de la MC2. « Craintes de représailles », nous ont dit plusieurs d’entre eux. « Certaines personnes qui se sont exprimées ont reçu, à l’oral, des avertissements, des intimidations. Et il y a eu des licenciements. » Parmi les salariés interrogés, les plus éprouvés parlent carrément de pertes de poids et de troubles du sommeil, qu’ils attribuent à des conditions de travail malsaines.
Une alerte de la médecine du travail
L’année dernière, la médecine du travail a déposé une alerte officielle sur les risques psycho-sociaux constatés à la MC2. À la suite de cela, la direction a fait appel à un consultant externe, afin de réaliser un audit sur la qualité de vie au travail. Audit consistant, en premier lieu, à recevoir l’ensemble du personnel en entretien. « Tout ce qu’on a dit en entretien a été répété à la direction, et après cela, on n’a jamais eu de suite, ni de rapport ou de compte rendu du travail de ce monsieur. » Le conseil d’administration évoque, lui, un rapport final sur les difficultés organisationnelles, assorti de préconisations.
Laëtitia Rabih, conseillère déléguée de la Métropole en charge des Solidarités et de la politique de la Ville, également adjointe au maire d’Échirolles, préside le conseil d’administration de la MC2. Il se compose de neuf autres élus métropolitains, de représentants de l’État, de la Région, du Département, de la Ville et de personnalités qualifiées. Sont censés y siéger des représentants du personnel, mais depuis quelques mois, ces sièges sont donc vacants.
Laëtitia Rabih a répondu par écrit, au nom du CA, à la lettre très préoccupante du personnel. Dans ce communiqué, elle défend avec fermeté le directeur Arnaud Meunier (qui n’est pas le seul mis en cause par les salariés, précisons-le). Ainsi, la présidente du CA assure que les chiffres donnés par les salariés concernant les arrêts maladie sont faux (impossible pour nous de le vérifier), et que le turn-over est « dans la moyenne de l’ensemble des institutions culturelles publiques, qui font face à une vraie crise des vocations ».
Le communiqué pointe du doigt l’anonymat voulu par les salariés signataires. « Le conseil d’administration souhaite que les signataires de cette lettre saisissent enfin les opportunités de dialogue proposées par la direction », écrit l’élue. Elle rappelle qu’Arnaud Meunier a été nommé à la MC2 fort d’un projet de profonde transformation de cette grande maison, ce qui nécessite forcément du temps, et souligne qu’il est « loin de nier le “mal-être des salariés” ». Laëtitia Rabih demande aux personnels de proposer des candidats pour siéger au CA, et de formuler « de façon claire des propositions et non des invectives ». Les salariés ont répondu dans le détail à ce communiqué, demandant notamment « solennellement aux tutelles de mettre en place une cellule psychosociale ».
Statu quo à la direction et à la Métro
Contactée, Laëtitia Rabih n’a pas souhaité s’exprimer. À la Métropole, on glisse simplement au Petit Bulletin que « ce communiqué de presse a été signé par la présidente et par l’ensemble des membres du CA, à l’unanimité ». Et on souligne que la conseillère métropolitaine est « très sensible aux questions de bien-être au travail ».
Mais l’explication de texte est laissée au soin de la direction de la MC2, la plus à même de répondre. Jointe également, cette dernière n’a pas souhaité répondre au Petit Bulletin, indiquant qu’après l’été, le climat de rentrée était apaisé et que le travail de dialogue allait débuter. Une salariée confirme : « Même s’il reste de la défiance, je ressens une volonté de faire des efforts et de jouer collectif. C’est fastidieux, mais on tient le bon bout. » D’autres ne partagent pas cet avis. « J’angoissais déjà quinze jours avant la reprise », confie une employée. « J’ai envie que ça bouge, sinon c’est moi qui partirai, ce que je ne souhaite absolument pas. »
Après l’ère Jean-Paul Angot, qui s’était achevée dans un conflit douloureux entre salariés et direction, ce nouvel épisode a de quoi interroger. En 2017, la majorité des salariés s’était mise en grève, annulant de fait des représentations. Une action forte que les actuels employés ont évoquée l’an dernier, sans que cela n’aboutisse. « Je suis passionnée, j’ai encore la mentalité de la stagiaire qui se défonce », ironise une salariée. « Mais là, je suis arrivée pour la première fois à une totale perte de sens. Si on est vraiment une "institution test" aux yeux du ministère de la Culture (ce qui est indiqué dans le fameux article de L’Obs, ndlr), cela pose question. »
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