Arts / Alors que "Place du Torrent", une toute nouvelle œuvre monumentale, vient d'être inaugurée, le campus de Grenoble affirme un peu plus encore sa démarche en faveur de la commande artistique.
Serpentant entre l'amphi Weil, le RU Diderot et l'Espace vie étudiante (EVE), une rivière d'asphalte traverse de part en part le nouveau centre névralgique du campus de l'Université Grenoble Alpes (UGA). Surplombée par une sculpture monumentale en béton, figurant un tronc d'arbre couché en travers du lit de la rivière, elle forme Place du Torrent, nouvelle œuvre fraîchement inaugurée, à la dernière rentrée. S'étendant sur près de 3000 m2, l'œuvre a mis le paquet sur la symbolique. Elle évoque l'ancien bras de l'Isère qui coulait ici il y a bien longtemps, et les sables du Royans qui ont donné leur couleur aux arceaux de béton, faisant eux-mêmes référence au matériau que l'on retrouve dans l'architecture de la plupart des bâtiments du campus.
1, 3 million d'euros
Derrière Place du Torrent, on retrouve le collectif néerlandais Observatorium, habitué des très grands formats et choisi pour sa capacité à « intervenir dans le paysage », explique Marie-Christine Bordeaux, vice-présidente Culture et culture scientifique à l'UGA, qui a piloté ce projet. Les artistes ont conçu leur œuvre in situ, en s'appuyant en partie sur des matériaux trouvés sur place, notamment pour la rivière, construite avec des remblais. Le tout en collant au plus près des intentions définies par l'UGA, en consultation d'un comité d'usagers mis en place pour ouvrir la réflexion. Chiffré à 1, 3 million d'euros, il est financé dans le cadre de l'Opération campus, vaste plan lancé il y a 10 ans par l'État pour moderniser certaines universités françaises.
Place du Torrent rejoint les 74 autres œuvres d'art visuel qui peuplent les allées, les parvis et les bâtiments du campus de l'UGA. Autant de sculptures et installations plus ou moins monumentales qui témoignent de la dynamique qui entoure la question de la commande artistique sur le campus, depuis plusieurs décennies. « Tous les campus ont une politique de commande artistique, prévue avec le 1% artistique [une mesure qui oblige les acteurs publics à consacrer 1% de leur budget dans le cadre d'une construction ou extension d'un bâtiment, à la réalisation d'une œuvre d'art, NDLR], mais ce qui distingue le campus de Grenoble, c'est l'ancienneté de cette démarche et le choix très affirmé qui a été fait dans cette direction », explique Marie-Christine Bordeaux.
N°1 en France
Sur le campus, les premières œuvres s'installent dès le début des années 1960. La Cornue, sculpture d'acier signée d'Alexander Calder, qui compte sûrement parmi les œuvres les plus connues du campus, trône ainsi sur l'esplanade de la bibliothèque droit-lettres depuis 1974. Une politique volontariste de l'université qui fait aujourd'hui du parc d'œuvres d'art du campus de l'UGA le plus important en France. À l'horizon 2024, cinq nouvelles œuvres viendront compléter le tableau, installées aux quatre coins du campus.
Et pour tenter de valoriser et d'expliquer ce patrimoine artistique qui entoure les étudiants, le dispositif Campus des Arts joue le rôle de médiateur, en proposant des visites guidées, des parcours de découverte libres et une balade audioguidée. « La signification des œuvres n'est pas toujours évidente, certaines sont tellement discrètes qu'on ne les perçoit plus toujours dans le paysage, c'est pour ça que la mise en valeur est importante », poursuit Marie-Christine Bordeaux. Une appropriation de l'art qui passe aussi par une cohabitation avec les œuvres : « Nous sommes très attentifs au fait que ces œuvres soient accueillantes, pour qu'elles deviennent des lieux où l'on aime s'installer, où l'on vient lire, où l'on se donne rendez-vous et dont on apprécie la dimension esthétique. »