Mister Elliott

Quand le rocker qu’est Elliott Murphy nous gratifie d’une visite, aussi fringant qu’à ses débuts dans les années 70, lui réserver notre soirée devient un devoir. Propos recueillis par Laetitia Giry

Elliott Murphy n’est pas qu’un joli nom. C’est aussi un rocker folker country à la force créatrice infatigable. Quand il commence à composer et écrire des chansons au début des années 70, le monsieur n’est pas tout seul à concourir au titre de grand prince du rock. Et si l’ami Bruce Springsteen rafle la mise en héritant du surnom « The Boss », cela ne décourage pas Mr Smith, qui, fort d’un succès critique honorable, continuera son petit bonhomme de chemin pour une durée indéterminée. « A l’époque où l’on a commencé, on nous a appelés « les nouveaux Bob Dylan ». On est restés amis toutes ces années. J’ai souvent joué avec Bruce, il m’invite sur scène quand il passe à Paris. On a enregistré un titre ensemble sur l’album "Selling The Gold" en 1995, c’est un bon souvenir. » Sans rancune ! Il faut dire que son style sied mieux aux oreilles européennes qu’à celles de ses terres d’origine, les Etats-Unis. Qu’à cela ne tienne, il nous confie : « j’ai emménagé en France il y a vingt ans, et mon agenda est très plein : on joue à peu près cent fois par an. Mon fils est parti étudier aux Etats-Unis il y a quatre ans, du coup j’y vais une fois par an pour cinq ou six concerts. »Deux faces, une seule pièce
« La littérature est ma religion, et le rock’n’roll mon addiction. » Auteur-compositeur-interprète : oui, écrivain : oui aussi. Elliott Murphy cumule les qualités, vivant ses différentes aspirations artistiques comme étant aussi nécessaires l’une que l’autre : « Les deux expériences sont très différentes. L’écriture est plutôt une activité en solitaire, qui vous isole. Alors que le rock, c’est de la performance, un public avec lequel on partage de manière directe. Il n’y a personne derrière vous quand vous écrivez. J’ai vraiment besoin des deux. L’écriture me recentre, quand les concerts me donnent de l’énergie. » D’après son propre aveu, « il est difficile d’écrire en tournée », il s’attelle pourtant à un nouveau projet, après déjà trois livres publiés. « Je travaille sur un roman avec mon frère, le même qui est musicien. On communique en vidéoconférence, on discute comme si on était dans la même pièce : le miracle d’internet ! » Hyperactif et hyper productif, il ne décolle pas de scène. « Je pense que l’expérience du concert est la plus réelle qui soit. La connexion avec le public est pour moi très importante. Mes fans me donnent des directions, ils sont l’énergie qui me maintient dans ce métier. J’aime aussi écrire des chansons et les enregistrer en studio, mais le live est pour moi le plus naturel. » Pour son concert à La Source, Elliott Murphy sera accompagné de son guitariste fétiche Olivier Durand (« le meilleur de toute la France »), et du reste de son groupe. Puis, il nous l’affirme : « J’aime le public grenoblois, c’est un public passionné. » Fichtre, donnons-lui raison ce vendredi !Le Rock’n’roll ne mourra pas
Optimiste et non passéiste, il ne boude pas le présent, affirmant que « le business s’est développé autour du rock, et surtout, les gens ont plus de références culturelles, le public est plus large. » En ce qui le concerne directement : « mes fans des années 70 continuent de venir, et maintenant ils amènent leurs enfants aux concerts. » La parenté de sa musique avec celle de ses collègues de la même génération est patente, et peut pourtant se targuer de faire montre d’une finesse folk un peu plus marquée. Si quelques uns de ses morceaux pourraient être le fait d’un Bruce Springsteen ayant avalé un Dire Straits (comme « A touch of kindness »), nombre d’entre eux s’en distinguent gentiment par des détours folk et sautillants qui lui sont propres (la preuve avec « Come on Louann »). Après une généreuse trentaine d’albums, il sort le nouveau ce mois de janvier 2011. Sobrement intitulé « Elliott Murphy », il est produit par son fils de vingt ans, Gaspard, et marque pour lui « le début d’un nouveau cycle. » Une carrière comme la sienne, riche et tranquille, vaillante et sans cesse persistante dans son être, nous fait croire – encore plus – aux paroles d’un certain Neil Young (naturellement apprécié d’Elliott Murphy) : « Rock and roll is here to stay, Rock and roll can never die. » En effet, force est pour nous d’approuver dans un élan de sagesse inimitable : tant que vivront des maîtres comme Elliott, le rock assurément ne mourra pas. Elliott Murphy
Vendredi 4 février à 20h30 à la Source de Fontaine.

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