Vendredi 6 mai 2011 Festival / Comme chaque année, Vienne a mis les petits plats dans les grands pour se transformer en panthéon vivant du jazz. Alors, entre ici, Jazz à Vienne avec ton terrible cortège de jazzmen cacochymes, de colosses à saxos et de monstres sacrés...
Légendes vivantes
Par Dorotée Aznar
Publié Jeudi 26 juin 2008 - 3815 lectures
Photo : Hancock, DR
Leonard Cohen à Fourvière, Patti Smith à Musilac, Herbie Hancock à Jazz à Vienne : 2008 confirme que les festivals d'été sont une bonne occasion pour vérifier la santé des vétérans du rock ! CC
Patti Smith avait elle aussi repris du service l'an dernier à Fourvière, après la sortie d'un album de reprises très réussi, sans doute son meilleur depuis sa glorieuse série des années 70. Le concert avait enthousiasmé le public, et un an plus tard, la revoilà à l'affiche d'un grand festival d'été, Musilac à Aix-les-Bains. On espère juste que l'art délicat de cette grande prêtresse du rock américain, dont la trajectoire croise tous les géants, de Dylan à Springsteen, ne sera pas trop écrasé par quelque mastodonte fluorescent comme Mika...
Mais le cas le plus excitant de cette saison estivale reste celui de Herbie Hancock à Jazz à Vienne. Alors, on peut mégoter sur le fait que la musique d'Hancock, de ses débuts jazzy aux côtés de Miles Davies jusqu'à ses audacieux flirts avec le rap et l'électro, n'a rien à voir avec le rock à guitares. Claviériste surdoué, Hancock a en commun avec les grands rockers une manière particulièrement têtue de remettre l'ouvrage sur le métier, de fouiner dans des courants novateurs pour en donner une lecture oscillant entre expérimentations et quête du tube. Cela donne par exemple l'incontournable Rockit, qui a servi de détonateur à la démocratisation du mouvement breakdance. Mais dans les années 80, c'est sa rencontre avec l'extraordinaire Bill Laswell qui va fournir la part la plus inattendue de sa carrière. Une collaboration au long cours qui débouche sur un album majeur en 2001, Future2Future, où hip-hop, jazz et électronique créent un son effectivement futuriste et inclassable. Depuis, Hancock a oscillé entre reprises douteuses et hommages respectueux à ses maîtres. Sa venue à Vienne est néanmoins un bel événement au sein d'une programmation qui fait figure de wall of fame du jazz.