Amies lectrices réjouissez-vous. Un peu de tendresse bordel de merde vous offre l'opportunité de reluquer allégrement, voire de toucher lors de leurs passages au milieu du public, une dizaine de danseurs nus, hystériques et coiffés de longues perruques blondes... Bienvenue dans l'univers du chorégraphe canadien Dave St-Pierre ! Deuxième volet d'une trilogie (Sociologie et autres utopies contemporaines), Un peu de tendresse... est tout à la fois une pièce délurée, obscène, burlesque, jouissive, décevante, énervante, émouvante. Un mélange brut de décoffrage qui fait feu de tout bois, de moments ratés comme de moments fulgurants... En plus de nos fols danseurs blonds, vous pourrez découvrir plusieurs jeunes filles en manque cruel d'affection et une présentatrice de soirée bilingue, pleine de morgue et d'ironie.
Bateau ivre, la pièce alterne séquences d'hystérie collective, séquences de danse sombres et muettes, saynètes théâtrales voire «coïtales»... Côté danse, St-Pierre jette ses danseurs sur le plateau comme autant d'ondes de chocs, de forces vives et viscérales qui claquent l'une contre l'autre, se fracassent au sol, ou explosent en soudaines étincelles d'émotion. L'influence de la danse physique de Wim Vandekeybus ou des rituels de Jan Fabre est palpable. Comme ses collègues belges, le canadien fait le pari du trop, de l'excès, de l'exubérance, tant dans l'expression des sentiments que dans la prise de risque physique des interprètes. Dans ce chaudron bouillonnant d'obscénité généreuse, au milieu de moments un peu faciles ou lourdingues, le chorégraphe arrache de beaux morceaux d'émotion crue.
Jean-Emmanuel Denave
Un peu de tendresse bordel de merde !
À la Maison de la Danse du 4 au 6 décembre.