Appelez-le Arthur

Musique / Après un buzz prometteur à ses débuts, Joseph Arthur a marqué le pas, malgré des albums souvent impeccables. La faute à un penchant certain pour les marges du système et le chaos existentiel. L’ego pacifié, Arthur sévit maintenant en groupe, et redécouvre le rock'n’roll. Stéphane Duchêne

On suit Joseph Arthur comme on peut, au gré des cailloux, plus souvent des pépites, semés tout au long de son parcours pour guider les véritables fidèles autant que pour égarer les suiveurs. Son dernier album, Temporary People, égarera ceux qui le pensaient irrécupérable atrabilaire. Un luxe qu’il doit à son groupe The Lonely Astronauts, lui jusque-là davantage rompu aux exercices solitaires : en musique comme en peinture, autre passion (il a ouvert une galerie à Brooklyn, le Museum of Modern Arthur). Sur Temporary People, Arthur et sa bande jouent aux Rolling Stones, à Neil Young & Crazy Horse ou à Bob Dylan & The Band, comme une bande de gamins. Pour Arthur, c’est une seconde vie. C’est recommencer le rock à zéro en imitant ses héros avec ses potes plutôt que de ruminer seul dans sa chambre. Son plaisir, comme le fut son désarroi, est communicatif, et on se surprend à être aussi content pour nous que pour lui. Ses compositions, démarche 70’s oblige, ont ici une apparence plus classique mais l’on sent toujours en arrière plan ce qui faisait l’originalité des premiers disques. Cette personnalité à la structure complexe, servie par une voix qui, déjà plus jeune, semblait avoir vécu mille vies et dix fois plus de turpitudes. Real World
C’est sans doute ce qui, il y a près de 15 ans, avait séduit Peter Gabriel et son label Real World sur la fois d’une démo atterrie par hasard sur son bureau. «Real World», donc : on ne pouvait faire mieux pour accueillir ces chansons sur la cruauté du monde et la crudité existentielle, mélange de folk et de battements électroniques ; ceux d’un cœur qui saigne. La formule donnera des morceaux d’exception, comme Mercedes ou Daddy’s on Prozac sur Big City Secrets (1996) ou In the Sun, instant sublime de Come To Where I’m From (2000). Malgré la dépression, l’alcool, le vertige de la création, Arthur produira d’autres œuvres majeures comme Redemption son, un titre qui dit tout de l’éternelle quête de rédemption de ce génial obsessionnel. Obsessionnel car, lors de la sortie de Junkyard Hearts (encore un titre parlant), Arthur peignit à la main chacun des centaines d’exemplaires vinyles collector du disque. Génial, car cet inventeur de l’autosampling fut également le premier à vendre à ses fans, à peine sorti de scène, le CD du concert qu’ils venaient d’entendre. Deux manières de semer des petits cailloux dorés sur son passage. Joseph Arthur & The Lonely Astronauts
A l’Epicerie Moderne, mercredi 11 mars.

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