Mise en scène / Peter Stein est le metteur en scène qu’il fallait absolument pour "Lulu". Il sait prendre l’œuvre à bras le corps, ne veut rien prouver, colle ses idées au texte, à la musique et l’ensemble fonctionne à merveille.
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Comme à son habitude, c’est une approche assez classique de l’œuvre que propose Peter Stein. Une vision assez rare pour un metteur en scène que de laisser aller sans forcer le trait, sans aucune surenchère, sans parti pris incompréhensible et froid. Peter Stein réussit un véritable tour de force ; le public peut entendre et voir avec un équilibre rare. Dans son regard porté sur l’œuvre, le public est même constamment mis à l’épreuve, comme élégamment forcé à réfléchir. Grand visionnaire, novateur hors norme, Peter Stein se frotte à tous les genres. En 1970, il devient directeur de la prestigieuse Schaubühne de Berlin dont il fait un des hauts lieux du théâtre européen. Sa révolution de la mise en scène est simple : il préfère le travail collectif et en fait une obsession presque politique. Il relit les classiques et apporte un air frais bienfaiteur, sa direction d’acteur laisse à chacun une liberté de mouvement qui manque souvent à l’opéra. À Lyon, on se souvient de la façon dont il avait transcendé le Mazeppa de Tchaïkovski ou dépoussiéré la Dame de Pique, il n’y a pas si longtemps. Peter Stein est de ceux qui jouent d’intelligence, qui portent l’œuvre à son sommet sans avoir l’air d’y toucher. Malgré la complexité de Lulu, Stein donne à voir un spectacle qui va de soi. Sa mise en scène donne la place à chaque chanteur pour interroger librement sur le désir, l’envie et la condition humaine.
