Le théâtre se couche à l'Ouest

On allait aux Célestins en 2012, on s'est retrouvés dans une mauvaise pièce de boulevard des années 1970. Un cauchemar. Et dire qu'il prétend se faire l'écho de celui, économique, du monde contemporain... Jean-Emmanuel Denave

«L'amour viendra par l'ouest / Comme un cri cherche une bouche / Il nous ramassera / En bordure de déroute»... Quant Dominique A écrit sur l'Ouest, il fait quelques efforts de poésie, de style, d'idées. L'Ouest est une conquête, toujours, en littérature où la domination de l'américaine met forcément la pression sur la française. Nathalie Fillion, sur l'Ouest, rend non pas une copie blanche (la pièce, bavarde, dure 2h20) mais une copie aussi plate qu'une pièce de monnaie. Elle y enchaîne un nombre invraisemblable de sujets à la mode, traités façon bistrot du coin, à commencer par quelques âneries sur la «Crise» financière occidentale, pour dériver, tenez-vous bien, sur : la famille recomposée, la Roumanie et sa place en Europe, les portables qui vibrent et les piercings qui rouillent, l'exotisme de l'homosexualité féminine, la tendance inéluctable du philosophe à fumer du haschisch, la hausse des prix de l'immobilier, la seconde vie d'un quadragénaire avec une étudiante de vingt ans qui pourrait être sa fille, évidemment, évidemment ! Un grand n'importe quoi au ras des pâquerettes, dont on a du mal encore à croire qu'il a reçu un prix et a été traduit. Côté stylistique, ce texte use jusqu'à la corde de répétitions balourdes et de rimes ou de jeux de mots du même tonneau (Jean et l'argent, Jean et les pays émergents, sic !)

Plus qu'à chanter

Résumons cette petite histoire qui se veut l'écho de la grande : Mamie revient chez son fils Jean qui, sous antidépresseurs (à rajouter à la liste ci-dessus), se met à dilapider les biens de la famille et à vivre content et négligent (négli-Jean?) avec son étudiante en droit, au grand dam de ses propres enfants. Autre moment de bravoure : papy a Alzheimer et délire sur la Seconde Guerre Mondiale. Le tout est placé dans la grisaille d'un  décor minimaliste et la direction des comédiens comme les ressorts dramatiques relèvent du pire théâtre de boulevard. Les acteurs, on ne leur en tiendra pas rigueur, disent leur non-texte avec autant d'enthousiasme qu'un télex sur un prompteur. Histoire d'ajouter une touche de modernité, ils jouent face à la salle, pour bien faire comprendre au spectateur que ÇA le concerne... Enfin, s'il n'est pas passé à l'Ouest écouter Dominique A, entre temps. «Quand on est dans la merde jusqu'au cou, il ne reste plus qu'à chanter» dit-on dans les vraies pièces politiques.

A l'Ouest
jusqu'au 21 janvier aux Célestins

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X