Le ton monte au MAC

Le ton monte au MAC

Deux inaugurations au Musée d'Art Contemporain ces derniers jours : l'exposition plutôt réussie dans son genre sur les liens entre Erik Satie et John Cage, et... une première grève du personnel.Jean-Emmanuel Denave

Happening ? Performance ? Non pas, mais une première grève du personnel (38 salariés sur 45, selon les grévistes) au Musée d'Art Contemporain réclamant de meilleures conditions de travail. Un petit comité d'accueil remettait des tracts à l'entrée du musée lors de la journée de visite presse et les grévistes décidaient de ne pas bloquer le MAC mais de manifester et d'informer. Le malaise dans la culture publique pose ici et là ses petits ou gros symptômes et, le même jour, le Musée des Beaux-Arts présentait un tableau d'Ingres avec souscription publique pour l'acquérir (lire ci-contre)...

Tout cela n'aurait certainement pas laissé John Cage (1912-1992) indifférent, lui que l'on considère comme l'un des inventeurs de la performance et (avec le mouvement Fluxus en général) comme un grand brouilleur de frontières entre la vie et l'art, le réel et la création. La nouvelle exposition du MAC se penche sur ses liens privilégiés avec le compositeur sarcastique Erik Satie (1866-1925), qu'il admira et dont il s'inspira autant voire plus que le beaucoup plus sérieux et âpre Anton Webern (1883-1945).

Excitations

Tout se joue au sens propre et figuré au premier étage du musée où l'exposition se veut d'abord et avant tout une installation sonore. Dans un même espace de 1000 m², plusieurs pièces de Cage sont diffusées mystérieusement et sans aucune cacophonie. Mystérieusement car l'on n'aperçoit aucune enceinte et que la musique provient effectivement d'une centaine "d'excitateurs" (procédé technique transformant tout surface en une sorte d'enceinte).

On découvre aussi des vidéos de chorégraphies de Merce Cunningham (complice de Cage dans la vie privée comme dans la vie artistique) et de nombreuses partitions et notations du compositeur. Nul besoin ici d'être grand musicologue pour saisir du premier regard que Cage n'écrivait pas sa musique de manière traditionnelle (rappelons ici brièvement l'utilisation par John Cage du hasard, de sources philosophiques zen, du silence, de notations graphiques, etc.). Et le dispositif fonctionne parfaitement.

Reste un bémol comme nous le confiait l'un des spécialistes français de la musique contemporaine américaine : «À partir des années 1950 et l'adoption du principe de composition aléatoire, Cage invente des méthodes de production de sons et explore de nouvelles manières d'écouter la musique, en s'interdisant tout travail de composition à proprement parler... Cage a sa place dans l'histoire, mais il a toujours privilégié l'originalité à la qualité, et il faut être un peu «dingue» pour écouter sa musique aujourd'hui !». À vous de choisir alors entre une déambulation courte et sympathique parmi l'univers de Cage ou un sit-in (chaises longues et gros poufs sont à disposition) plus long et plus risqué pour vos facultés mentales.

Satie's Cage
Au Musée d'art contemporain, jusqu'au 30 décembre.

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