Figure emblématique du stand-up à l'anglaise, Eddie Izzard est aussi un francophile averti. Au point d'avoir travaillé sur une VF de son dernier spectacle, "Force majeure", désopilante leçon d'histoire monty-pythonesque à (re)découvrir cette semaine au Rideau Rouge.
Cet été, le Rideau Rouge a eu droit à un quart d'heure de buzz inattendu : Pete Doherty y a été vu en train de boire de la sangria – autant dire du jus de fruit, connaissant ses constantes sanguines habituelles. Que faisait là l'ex-frontman des Libertines – à moins qu'il ne s'agisse de son sosie de Melun ? Peut-être y suivait-il les conseils de son compatriote Eddie Izzard qui, quelques mois plus tôt, présentait la version française de Force majeure, son dernier spectacle en date, sur la scène du café-théâtre de la place Bertone.
Une scène pas vraiment à sa mesure. Car s'il est principalement "connu" en France pour ses seconds rôles hollywoodiens (dans la trilogie des Ocean's notamment ou, plus récemment, dans la série Hannibal), ce sweet tranvestite qui aurait passé trop de temps devant des rediffusions de Chapeau melon et bottes de cuir – il fut d'ailleurs au générique du film de 1998 – est avant tout l'un des humoristes les plus révérés de Grande-Bretagne. Qu'à cela ne tienne, voilà qu'il remet le couvert au même endroit, avec le même show – il le tourne depuis le printemps 2013. Et c'est tout de même un événement.
Le non-sens de la vie
Car au-delà de l'exploit linguistique, d'ailleurs moins impressionnant qu'il n'y paraît dès lors qu'on se penche sur sa biographie – né au Yemen, Izzard a très tôt été initié à la langue de Molière, ainsi qu'il le racontait, à coups de phrases usuelles impossibles à placer et enveloppé dans une très seyante robe chinoise, dans Dress to Kill (1999) – Force majeure est le chemin le plus court et le moins cahoteux vers l'irrésistible maelström d'absurdité monty-pythonesque qui secoue le cerveau de son auteur depuis maintenant plus de vingt ans – sachant qu'il en a 53.
Bien que se défendant de cultiver un humour british, Izzard partage en effet avec la bande de John Cleese, outre son élégance pince-sans-rire, nombre de marottes : l'histoire, en particulier des religions – fil rouge sang de Force majeure, des conquêtes romaines à la décapitation de Charles 1er –, le surréalisme pop – dans un célèbre sketch prenant pour décor la cantine de l'Étoile Noire, Darth Vader et Dieu se disputent une assiette de spaghetti à la carbonara – le courant de conscience – il a pour habitude de prendre des notes imaginaires au cours de ses prestations... Et les politiques droitières, cibles chroniques d'un cours magistral (dans tous les sens du terme) dont les provocations ne sont toutefois qu'intellectuelles. À moins que vous ne vous prénommiez Steve...
Eddie Izzard
Au Rideau Rouge lundi 5 octobre