de Lucile Chaufour (Fr, 1h20) avec Kelemen Balázs, Miklós Tóth, Mozsik Imre...
Sa réputation n'ayant franchi ni les frontières, ni les âges, le bien-fondé d'un documentaire tout entier consacré au punk magyar a de quoi laisser dubitatif. Si l'on ajoute que Lucile Chaufour n'a disposé que de maigres images d'archives et cadré tous ses interlocuteurs dans la même position frontale, on s'interroge sur la pertinence de sa démarche. Pas longtemps : en 80 minutes, elle explique le punk et sa singularité hongroise.
Gauchiste contestant les autorités libérales capitalistes en Occident, le mouvement versait plutôt à droite à l'Est, où il faisait face au pouvoir communiste. On apprend que si ses adeptes épousaient les mêmes codes des deux côtés du mur, c'était pour des raisons parfois idéologiquement opposées : quand les Sex Pistols usaient d'insignes tels que les croix gammées par esprit de subversion provocatrice, certains punks hongrois reproduisaient par conviction personnelle cet affichage qu'ils pensaient sincère...
East Punk Memories révèle un nationalisme décomplexé vécu comme une tradition, mais aussi cette inévitable “ostalgie” ressentie depuis la chute du Mur : des libertés individuelles ont certes été gagnées, mais les inégalités ont cru et la misère est apparue. Les rebelles d'hier aspirent aujourd'hui à la sécurité matérielle dans un pays plus incertain, gouverné par un parti ultra populiste et conservateur... En hongrois, No future se dit Nincs jövő. VR