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Les peintures fantômes de Jean-Luc Blanchet
Par Jean-Emmanuel Denave
Publié Mardi 11 octobre 2016 - 3994 lectures
Photo : Peinture fantôme (Rembrandt) © Jean-Luc Blanchet
Jean-Luc Blanchet
Galerie Domi Nostræ
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
galerie Domi Nostrae / Jean-Luc Blanchet présente de nouvelles œuvres à la galerie Domi Nostrae. Des "peintures fantômes" qui hantent et saisissent durablement le regard.
Depuis le milieu des années 1990, le peintre lyonnais Jean-Luc Blanchet œuvre par "effacement" : il retire de la matière picturale, il passe des coups de chiffons sur des motifs peints, etc... Par un drôle de paradoxe, il dénonce la dématérialisation contemporaine des images et leur prolifération en flux continus en... dématérialisant (partiellement) ses propres toiles ! Il lutte contre la Violence faite aux images (titre d'une conférence donnée par Jean Baudrillard en 2004) en faisant violence à ses propres images.
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Pour son exposition à la galerie Domi Nostrae, il a effacé des représentations de tableaux connus de l'histoire de l'art : La Jeune fille à la perle de Vermeer, un autoportrait de Rembrandt, une Marylin de Warhol, l'urinoir de Marcel Duchamp.... Peintures apparaissant ici comme des fantômes, des traces s'évaporant, évanescentes.
Le procès
Si le travail de Blanchet n'était que dénonciation, constat de la mort de la peinture et de la disparition des "vraies" images, son intérêt serait peu original. Ce qui nous touche dans la "négativité" de l'artiste, c'est qu'il parvient à en montrer, à en faire ressentir et voir, le processus. Ses toiles ne montrent pas seulement l'absence, mais des images en train de disparaître, de s'effacer, de se retirer...
Et c'est dans ce temps même où elles s'absentent que nous sommes requis d'y être plus attentifs, d'en retrouver l'importance, la "valeur", l'aura. Ni simple critique, ni dépassement dialectique, la négativité de Blanchet se laisse apparaître dans son propre mouvement et dans ses propres puissances créatrices.
Parallèlement à son travail pictural, Jean-Luc Blanchet présente aussi une série de photographies réalisées dans le quartier de Perrache. Là aussi, les images noir et blanc sont partiellement effacées à l'acétone, et, paradoxalement, cet effacement permet de voir (autrement, mieux) : un regard, une posture, une imposture, un laissé pour compte, une zone interlope ou bannie... À travers cette autre forme plastique, Blanchet parvient encore à faire de la négativité une puissance de créativité et de visibilité.
Jean-Luc Blanchet
À la galerie Domi Nostrae jusqu'au 15 octobre
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