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Des cortèges corsetés au TNP
Par Nadja Pobel
Publié Lundi 20 novembre 2017

Photo : © Michel Cavalca

Nos cortèges
TNP - Théâtre National Populaire
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Théâtre / Sensible à la création émergente, la direction du TNP s'ouvre cette saison à quatre jeunes metteurs en scène. Le premier d'entre eux, malheureusement, déçoit avec Nos cortèges.
Il faut reconnaître au TNP la place forte accordée cette saison (et les prochaines) à de jeunes artistes : de deux à quatre (!) semaines d'exploitation de leurs spectacles, à l'issue d'un accompagnement solide dans leur élaboration. C'est le rôle de transmission cher à Christian Schiaretti qui se déploie ainsi. Julie Guichard, Louise Vignaud, Baptiste Guiton en bénéficient, ainsi que Maxime Mansion dont la très belle aventure En acte(s) se prolonge ici.
À chaque fois ou presque (à l’exception du Misanthrope) : des textes très contemporains, voire inédits. C'est dire la force de cet engagement, non seulement à l'égard des créateurs, mais aussi des spectateurs curieux de savoir quel regard cette nouvelle génération porte sur son époque.
Raie manta
L'autrice Perrine Gérard a notamment tout dernièrement collaboré au sensible projet Gris, dirigé précisément par Maxime Mansion sur le territoire de Villeurbanne, qui relatait la période de l'Occupation en plaçant le spectateur au cœur d'un dispositif quadri-frontal très pertinent avec des saynètes au cordeau.
Ici, elle invente des personnages égarés, qui ne parviennent pas à dire d'où viennent leurs blessures. Ariane, qui se comporte en chefaillone avec son frère Tristan, ne supporte pas de le voir s'éloigner, séduit par une de ses connaissances, Dolorès. Des drames passés et tus jusqu'à l’épilogue, portent le germe de ceux à venir. Mais, en inscrivant son récit au titre magnifique dans une métaphore constante aux éléments aquatiques et célestes, Perrine Gérard alourdit son propos et entrave son intrigue.
Les multiples - et bienvenues - ruptures de rythme de l'écriture induites par des personnages constamment vacillants ne s'incarnent pas dans la mise en scène de Julie Guichard, très sage malgré un décor riche et habile faisant ressentir cette humidité des ports et du Nord où se situe l'action. Elle avait déjà signé un inégal Les Ours (Ours + Ivanov de Tchekhov à l'Élysée) ou même un Part-Dieu (bientôt repris au NTH8) légèrement surestimé. Ici, elle semble buter sur ce texte trop verrouillé. Issues toutes deux de l'ENSATT et réunies dans la compagnie Le Grand Nulle Part, elles tentent de trouver leurs voix encore discordantes, mais pas dénuées de talent.
Nos cortèges
Au TNP jusqu'au 13 décembre
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