Daniel Knipper : le maître de la lumière

Rayonnement

Grand Hôtel-Dieu

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Fête des Lumières / Plus que jamais, et après l'édition tristement avortée de 2015, la Fête des Lumières est le reflet de Lyon, mettant en avant les marqueurs de la ville (Guignol dans le 5e, le cinéma aux Terreaux...). Daniel Knipper a collé des regards picturaux sur la colline de Fourvière et habillé la cathédrale Saint-Jean ; cette année, et durant tout le mois de décembre, il s'empare de l'Hôtel-Dieu. Découverte de ce maître de la lumière.

En 2015, il n'en restait qu'un : Daniel Knipper. Quand tout a été annulé tant par décence que pour des raisons de sécurité, son installation a résisté. Ses Regards, les yeux familiers de Botticelli, Matisse, Warhol, de la Tour se sont tournés vers nous et s'y sont adjoints les prénoms de toutes les victimes des attentats parisiens, une longue litanie que nous avons regardé défiler hébétés.

Daniel Knipper, plus de trente ans de métier, a commencé par être intermittent à l'école du TNS (Théâtre National de Strasbourg), où il se glisse dans les cours et embraye sur un festival naissant au début des années 80, Musica, via l'Atelier du Rhin de Colmar. Il crée déjà de la lumière, mais teste tout : le son, le jeu, la construction. Ensuite, il se spécialisera sur la lumière et la scénographie, à la manière d'un d'Éric Soyer sur les spectacles de Joël Pommerat. Daniel Knipper va lui aussi collaborer avec des artistes de théâtre, comme la compagnie du Talon Rouge ou le Théâtre Lumière, où déjà il imagine un rideau de scène évoquant Magritte et au sein duquel il est encore directeur technique.

La colline a des yeux

Mais une rencontre sera déterminante : Jean-François Zurawik, qui dirige une société de prestation de projections monumentales à Strasbourg et est nommé (en 2003) à la tête des Grands événements à la mairie de Lyon. C'est le début d'une aventure dont le prochain épisode se déroulera sur les murs de l'Hôtel-Dieu. Daniel Knipper n'est pas un débutant : il a été très longtemps en charge de l'éclairage estival de la cathédrale de la capitale alsacienne, dès 1986. Et Zurawik, comme lui, ne souhaite pas tomber dans ce qui se développe alors : le tout-mapping. Knipper s'est fait la main avec des projecteurs. Une des figures l'ayant marqué fut Henri Alekan, directeur de la photo incontournable du XXe siècle, pour Cocteau ou René Clément. Il lui apprend la notion d'espace créé par la lumière, bien avant l'invention des techniques modernes.

Bien sûr, il travaille aujourd'hui avec la vidéo, mais il prend bien soin qu'elle n'écrase pas la surface sur laquelle elle est projetée. Il s'agit de laisser apparente la matière qu‘il connait par cœur à Strasbourg, mais aussi très bien à Lyon avec l'église Saint-Nizier qui est son outil en 2008, et plus encore la cathédrale Saint-Jean : c'est à lui que revient en 2011 de l'habiller de lumière, juste après sa totale réfection extérieure. Le titre ne trompe pas : Le Chant de la pierre. Il vise la lumière naturelle, manière de rappeler les siècles précédents de cette bâtisse. Pas tape-à-l'œil et parfaitement millimétrée, cette réalisation de dentellière est séduisante. Il y reviendra en 2013 pour un très (trop ?) énergique Rencontres, où les projecteurs sortent d'un cube installé devant l'église et embrasent toute la place. Cette fois, les passants ne sont plus passifs mais immergés dans la lumière.

Passé en 2014 par la place des Célestins pour des Fantaisies chromatiques hautes en couleurs, c'est certainement sur les très grandes surfaces que Daniel Knipper s'exprime le mieux. Dès 2012, il s'essaye aux quais de Saône avec Et si ?. Déjà la colline se transforme en musée à ciel ouvert avec des tableaux de Mondrian, Miró ou Picasso. C'est simple et pourtant puissant. En 2015, ces murs deviennent lieux de mémoire.

Cette année, il s'attelle à une autre surface immense, côté Rhône. Faisant fi des échafaudages complètement intégrés à son projet, il dresse une histoire du lieu entre médecine et gastronomie. Là encore, il s'agit d'un site où le visiteur doit se mouvoir pour l'apprécier. Ne pas se figer ! Et Knipper pourra peut-être alors s'offrir ce luxe suprême : faire redécouvrir un bout de la ville par la force de son talent.

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Au Grand Hôtel-Dieu du 4 au 29 décembre

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