Des papilles ouvertes sur le monde

Refugee Food Festival / Pour la troisième fois, des restos lyonnais invitent des chefs réfugiés à partager leur cuisine.

C'était en février et vous êtes certainement passés à côté, malgré la retransmission télé, le tapis rouge, les enveloppes et De Caunes : le monde de la gastronomie se dotait d'un nouveau classement mondial, encore un, les World Restaurant Awards, créé par Joe Warwick et le Lyonnais Andrea Petrini, tous deux échappés de l'organisation du plus fameux des classements, le 50 Best. Ces Awards, dont le jury était composé de grands noms de la cuisine mondiale (René Redzepi, David Chang ou Alex Atala, par exemple), sut à la fois récompenser de petits nouveaux très cools (comme Wolfgat et ses vingt couverts sur une plage d'Afrique du Sud) et ménager ceux qui font encore la pluie et le beau temps dans l'univers gastronomique (Ducasse ou Passard). Et applaudir des initiatives rappelant que les restaurateurs ont aussi d'autres ambitions que de nourrir Instagram et monter dans les classements internationaux. Par exemple, Food for Soul, l'association du chef étoilé italien Massimo Bottura qui cuisine des invendus pour les offrir à des gens dans le besoin dans des lieux rénovés par des artistes. Ou enfin, le Refugee Food Festival qui a reçu le prix de l'événement 2019.

Oui Cheffe

Le RFF, les Lyonnais connaissent, puisque voici venir la troisième édition qui se tiendra, comme chaque année, autour du 20 juin : journée internationale des réfugiés. Plus précisément du 13 au 23. Pour résumer : à l'origine il y a le couple Marine Mandrila et Louis Martin qui s'étant lancés dans un tour du monde culinaire en étaient revenus avec un documentaire (Very Food Trip), un bouquin (idem) et un "engagement citoyen". En 2016 ils s'associent avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, pour lancer le Refugee Food Festival, qui est depuis à l'origine de nombre d'initiatives sympathiques. Comme le podcast Oui Cheffe, qui invite une cuisinière exilée à décrire son parcours et ses recettes. Ou encore, cette inspirante rencontre entre réfugiés et collégiens autour d'un repas dans les cantines scolaires du Calvados.

Casser les préjugés

L'événement annuel est lui toujours mondial, mais on ne vous proposera pas d'aller à Copenhague ou Cape Town, plus simplement sur les pentes de la Croix-Rousse (aux Mauvaises Herbes), sur le toit de l'Opéra (les Muses), à Gerland (au Bistrot du Potager), à Bellecour (l'Institut Bocuse), à Perrache (aux Petites Cantines) et pourquoi pas à Roanne (au Central des Troisgros), c'est-à-dire dans des restaurants qui accueilleront pour l'occasion et pour cuisiner, un ou une chef réfugié en France. L'idée du RFF c'est de faire découvrir d'autres traditions culinaires bien sûr, de casser les préjugés évidemment, mais aussi d'aider les cuistots invités à monter ou pérenniser leur activité professionnelle.

Dans les assiettes on retrouvera les plats afghans de Sadia Hessabi qui a l'honneur cette année d'être invitée chez les Troisgros, les préparations de l'étudiant albanais, doué et déjà primé Armand Hasanpapaj ou la cuisine sahraouie d'une habituée du festival, Aicha Mahamet Seid. Parmi les nouveautés : une soirée de clôture (le 23 juin) dans la halle de l'incubateur de start-ups H7, où l'on mangera peut être une l'asam laksa (une soupe de nouille malaisienne) de Shahirul Bin Ahmad Hanafiah et où l'on notera la présence de l'équipe de la Petite Syrienne, que nous avions rencontrée l'année dernière alors qu'elle inaugurait son foodtruck.

Refugee Food Festival
À Lyon et Roanne du 13 au 23 juin

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