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Lyon BD : Un festival façon puzzle 

Lyon BD : Un festival façon puzzle 

Bande dessinée / Cette année, le Lyon BD Festival existe sans exister tout en existant. Comprenez : il ne se focalise pas comme d'habitude autour d'un week-end événementiel dans l'hyper-centre lyonnais, mais s'étire sous forme d'une plaisante Saison emplie de rendez-vous à savourer tout le mois de juin... voire davantage.

La routine crée l'ennui, dit-on. Bien qu'il ne le redoute nullement de par son foisonnement naturel, son renouvellement perpétuel et son bon esprit natif, le monde de la BD n'aime rien tant que désamorcer tout risque de ronron en réveillant les yeux ou les consciences. Particulièrement dynamique à Lyon d'une extrémité à l'autre de la chaîne, cette scène créative a connu en début de printemps une authentique consécration avec l'inauguration sur les Pentes du Collège Graphique. Un lieu hybride abritant dans l'ancien collège Truffaut réhabilité de quoi entretenir l'écosystème : ateliers d'artistes, salles d'exposition, résidence d'auteurs ou bureaux d'associations — telle l'Épicerie séquentielle ou... LyonBD Organisation, organisatrice du festival et très investie dans le projet du Collège. Enchaîner avec une édition “classique” eût pu s'avérer périlleux pour la structure qui ne déborde pas d'effectifs et a connu de surcroît un important turn over post-Covid. En obliquant pour 2023 sur une “Saison de la BD“, Lyon BD ne réduit pas vraiment pour autant la voilure — il y avait déjà des programmations satellites tout juin in et off auparavant — mais fait l'impasse sur son QG coutumier qu'est le Palais de la Bourse, d'ordinaire investi à plein temps. En lieu et place, un archipel de rendez-vous, de “parcours“, ainsi qu'un (joli) long week-end du jeudi 8 au dimanche 11 juin. Mais l'on pourra anticiper dès le mercredi 7 juin avec l'exposition consacrée à Alfred (signataire de l'affiche 2023 du “festival“) dans “cet autre Finistère” qu'est la Médiathèque de Francheville, histoire d'admirer des originaux (planches, aquarelles) de l'auteur de Come Prima et l'applaudir le soir du vernissage en concert dessiné avec — excusez du peu — l'Innocent J.P. Nataf. Alfred offrira également une masterclass à l'Hôtel de Ville de Lyon le 9 au matin. Ensuite ? C'est à la carte.

Shows

Les auteurs de BD ne sont pas les derniers à ses laisser tenter par la scène : à la génération Dennis' Twist en a succédé une d'illustrateurs-cinéastes et une autre encline à se mettre en danger dans l'exercice de l'improvisation spectaculaire — comme jadis les participants au Tac au Tac de Jean Frapat — dans de savoureuses performances. Deux sessions de Dessine-moi une impro mettant face à face quatre improvisateurs et deux illustrateurs se tiendront (le 10 à la Comédie Odéon, le 11 au Collège Graphique), auxquelles succèdera un Battle BD endiablé et animé (en musique) par Tony Curien le 11 également. Efix et le collectif Improjection revisiteront à nouveau le totémique Putain d'usine dans À quelques pas de l'Usine, une forme vivante et spectaculaire de sa BD inspirée de l'œuvre de Jean-Pierre Levaray (le 10 à la Comédie Odéon) : le fond de l'air sera politique. Plus orienté mélodies persanes sera le concert dessiné par le duo Erfân et illustré par Yann Damezin (Fnac Bellecour le 9) ; totalement débridé se devra d'être le quiz musical La Chanson française avec Didier Tronchet (le 10 à la Comédie Odéon), où cet homme-orchestre — au sens propre — va taquiner non pas son instrument à cordes, mais bien ceux qui versifient et mélopent (ne cherchez pas, c'est un néologisme) dans la langue de Gainsbourg. Notez que dans le même lieu, un accrochage du même Tronchet est proposé du 8 au 30 juin : Chansons à se pendre, une réinterprétation visuelle des plus cafardeux tire-larmes du répertoire hexagonal ayant donné lieu à une rubrique dans Libé. À pleurer, mais à gorge déployée.

Expos

Et n'oublions pas les autres expositions. Notamment la résidence dans le cadre de Comic Art Europe qui convie cinq auteurs étrangers (Eva Pavlic, Štepánka Jislová, James Albon, Sylvia L. Ballart et Bernard Hage) à la Maison de l'Architecture jusqu'au 18 juin sur le thème, ô combien d'actualité, du Living Together. Mais aussi l'hommage à la première décennie des Éditions Rue de Sèvres à la Villa Gillet (du 8 juin au 2 juillet) avec un focus sur dix albums tirés de dix romans jeunesse. Ou encore le double focus Malwine Stauss & Max Baitinger au Goethe Institut (jusqu'au 31 août).

Pures signatures

Les collectionneurs de tirages de têtes dédicacés pourront partir à la chasse aux autographes et autres embellissements de pages de garde — en conservant à l'esprit le mantra du festival : « un dessin est un don et non un dû » — puisque 14 librairies accueillent des auteurs pour des marathons de « je le fais à quel nom ? » et de « c'est pour qui ? » le week-end du 9 au 10. Aux premiers rang, les patrimoniales Expérience (avec notamment Etienne Jung, Boum, l'ubiquiste Didier Tronchet, Guillaume Singelin,  Florent Maudoux,  Jean-Baptiste Hostache) et La BD (avec notamment JD Morvan et Dominique Bertail en écho au finissage de l'expo Madeleine Riffaud, Résistante au CHRD, Cédric Tchao, le grand Jacques Ferrandez, Jean-Christophe Chauzy ou le camarade Michael Sanlaville). Mais aussi Anthony Calla & Greg,  JC Deveney, Sébastien Spagnolo & David Dany et Guillaume Long chez Momie BD & Comics ; ou Emmanuel Lemaire et Maurice Barthélémy à la Fnac Bellecour. À noter que pendant la durée de la Saison, elles seront au total une vingtaine à s'associer à l'événement.

Une rencontre ?

Parmi les conférences, il en est une qui retient l'attention : Jacques Ferrandez (le 10 à l'Hôtel de Ville). Aquarelliste aux semelles de vent, ce chantre des peuples méditerranéens dialoguera avec l'un de ses pairs, Yann Le Pon et dépassera sans doute sa seule actualité (la parution d'un nouveau tome des Suites Algériennes). Car si chez Ferrandez l'Histoire et la géographie dansent avec gravité un pas de deux permanent, la rêverie, la poésie ou son goût pour les ambiances polardeuses (merci Benaquista et Raynal) lui offrent de fécondes parenthèses.

Émergences

On ne saurait conclure sans recommander de s'attarder au Collège Graphique. Épicentre des festivités durant le week-end (il accueille la soirée d'ouverture le 9), il sera le lieu où croiser la fine fleur des illustrateurs-coloristes-scénaristes lyonnais avec les membres de l'Épicerie séquentielle (et leur précieux mensuel Les Rues de Lyon) ; les auteurs présents autour d'une librairie éphémère (alerte dédicaces) ainsi que des artistes devant dessiner en direct : Léna Canaud, Maxence Texerault et Laura Villegas Claussen.

Lyon BD

Au collège Graphique, à la Comédie Odéon... Du 8 au 11 juin (et expos jusqu'au 30 juin)  


On sait désormais que l'armure d'Iron Man est en Layton ©Bob Layton

Super nouveauté

En parallèle du Festival-Saison Lyon BD, l'éditeur lyonnais Original Watts — connu pour avoir ressuscité les héroïques publications de Lug, pionnières dans la diffusion des BD Marvel en France — co-organise, avec Black & White, le premier Lyon Comic Art les samedi 10 et dimanche 11 juin au Mama Shelter. Comme son nom l'indique, ce rendez-vous axé sur les comics, adoptant la forme des conventions à l'américaine, offre un complément de programmation d'autant plus bienvenu qu'il aligne une palanquée d'invités de prestige. Premier d'entre eux, Bob Layton, passé par Marvel où il a particulièrement œuvré sur Iron Man. À ses côtés, quelques locaux de l'étape : le vénérable Jean-Yves Mitton (maître débonnaire et créateur entre autres de Mikros) ; son complice Ciro Tota “père“ de Photonik ; mais aussi Christian Rossi, Olivier Vatine, Paul Renaud, Cédric Apikian, Oliver Hudson, Chris Malgrain, Reed Man... En guide de mise en bouche, une projection exceptionnelle de Captain America : Civil War (2016) des frères Russo est proposée jeudi 8 au Pathé Vaise présentée par Bob Layton et précédée par un séance d'un collector par Layton himself. Certains seraient prêts à devenir des mutants pour y assister.

www.lyoncomic.art

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