Art lyrique / Inspirée de la vie de la célèbre actrice de la Comédie-Française, morte à l'âge de 37 ans, Adriana Lecouvreur est une tragédie dont le succès ne se dément pas depuis plus d'un siècle. À redécouvrir en version concert à l'Auditorium.
Seule œuvre de Francesco Cilea présente en permanence au répertoire des grandes maisons d'opéra internationales, Adriana Lecouvreur est célébrée depuis sa création au Teatro Lirico de Milan en 1902 pour sa fusion réussie du drame et de la comédie et pour la fluidité de l'action scénique. L'adaptation par Arturo Colautti du drame originel d'Eugène Scribe et Ernest Legouvé insistait sur l'aspect émotionnel, sacrifiant un acte entier, focalisé sur le portrait de la mondanité qui n'était sans doute pas très incisif pour le public transalpin.
Réalisme tragique
Avec Puccini, Mascagni, Giordano et Leoncavallo, Cilea est un grand protagoniste du verismo opératique, mouvement exclusivement italien qui est le pendant musical des thèmes développés dans la littérature par Verga et Capuana. Adriana Lecouvreur en est une splendide représentante, travaillant habilement la comédie des erreurs, mais la privant de tout happy end possible. La tonalité dramatique est également manifeste dans l'esthétique du chant lui-même qui, par rapport à la grande saison du bel canto du XIXe siècle, définit un mode plus déclamatoire sans pour autant nuire à son élégance.
L'opéra inaugure un cycle de coproductions entre l'Opéra et le Théâtre des Champs-Elysées, en coproduction avec l'Auditorium. Dans le rôle-titre, nous pourrons apprécier l'une des grandes stars de l'opéra, la soprano Tamara Wilson, tandis que dans le rôle de l'amant Maurizio se produira le talentueux Brian Jagde. Clémentine Margaine sera une terrible princesse de Bouillon tandis que le désenchanté Michonnet sera incarné par le baryton Misha Kiria. À Daniele Rustioni, la tâche ardue de conduire la joyeuse compagnie vers l'épilogue tragique entraîné par une dolcissima effige florale.
Adriana Lecouvreur
À l'Auditorium le dimanche 3 décembre