Entretien / Bruno Maquart est Président d'Universcience (établissement public du Palais de la découverte et de la Cité des sciences et de l'industrie), président du réseau européen des centres et musées de sciences Ecsite et membre du CA du musée des Confluences. Il rappelle le poids de ce musée à l'échelle nationale.
Comment s'est imposé le musée des Confluences dans le paysage culturel muséal français en une décennie jusqu'à être le musée le plus visité en France hors Paris ?
Bruno Maquart : Ce musée a pris une place de premier rang auprès des professionnels de ce type d'établissements. J'en veux pour preuve que lorsqu'Antoine de Galbert a fait don de sa collection de coiffes — sans doute LA plus grande collection de ce type au monde – il avait le choix du musée. Et il a choisi celui-ci. Cela signifie que ce musée a acquis une réputation scientifique et une qualité de relation avec les donateurs (car il y en a d'autres) d'excellence.
Comment situer ce musée par rapport à d'autres établissements parisiens tels que le Museum d'histoire naturelle, le Quai Branly ou encore ceux que vous dirigez, la Cité des sciences et de l'industrie et le Palais de la découverte ?
B.M : Il est original par ses collections à la fois ethnographiques et d'histoire naturelle. Il raconte l'aventure de l'humain dans ses rapports avec le monde, avec la nature et la culture, en un temps où la distinction entre ces dernières est interrogée de manière nouvelle — on défend tous l'idée que nous sommes partie intégrante de la nature. Et c'est un aussi un musée capable d'embrasser l'histoire de l'Humanité de façon assez originale. Il n'y a pas d'équivalent. C'est sans doute une de ses grandes forces grâce à l'atout de ses collections très variées. Il peut parcourir le champ culturel de manière totalement inédite. Il ne ressemble pas aux autres musées mais il y a des liens entre eux.
Il y a eu 45 expositions temporaires. Comment écrivent-elles aussi l'histoire de ce musée ?
B.M : Ce qui est très précieux dans ce musée est sa programmation originale au sens plein du terme. Elle vise à sortir des sentiers battus en étant respectueuse du grand public. L'exposition sur les Sioux était assez incroyable, celle sur les fleuves ou les prisons aussi : cela montre une ouverture d'esprit. Par ailleurs, les expos sont servies par des espaces magnifiques et de très bonnes équipes. La qualité expérientielle, spatiale, graphique, décorative, culturelle, est toujours là. Cette qualité de présentation fait beaucoup : le visiteur se sent honoré d'entrer dans ce musée car il sait qu'il va avoir accès aux meilleurs standards de la profession. Vous avez une chance folle à Lyon d'avoir un tel outil, aussi beau. C'est une machine culturelle et scientifique incroyable !