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10 ans de confluences vers le musée

Anniversaire / Dix ans après son ouverture, le musée des Confluences est devenu incontournable dans le paysage muséal français et européen. 6 millions de visiteurs et visiteuses en ont fait l'expérience. Retour sur cette décennie intense, loin des polémiques de sa gestation.

Mercredi 27 novembre 2024. Une grand-mère et son petit-fils observent le squelette du rorqual suspendu dans l'allée centrale du 2e niveau, de part et d'autre des quatre salles des expositions temporaires. « Tu as vu son poids, et comme il est grand ! Il peut vivre jusqu'à 90 ans ! Juste un peu moins que ton arrière-grand-mère ! ». Juste à côté, un petit groupe d'enfants à qui l'animatrice demande de lui donner un nom. Les idées fusent. Ce sera Clément-la-baleine ! Ils et elles sont parmi les 2 000 à 2 600 visiteurs quotidiens qui, à 83%, sont des individuels (par contraste avec les 17% venant en groupe).

Un musée approprié par les enfants, depuis qu'il a ouvert en urgence à peine terminé, le 20 décembre 2014. Il fallait que le département qui l'a porté depuis 1996 et financé (287 millions d'euros, cinq fois plus qu'annoncé – implantation longtemps non définie, changement de constructeur en cours de route...) puisse l'inaugurer avant la naissance de la Métropole au 1er janvier 2015 qui en est aujourd'hui très largement contributeur dépensant 14, 3 millions d'euros par an, ramenés à 13, 4 millions d'euros l'année prochaine.

À l'époque ni François Hollande, ni même sa ministre de la Culture Fleur Pellerin, n'avaient daigné faire le déplacement pour observer la naissance de cet EPCC (Établissement public de coopération culturelle). Trop de polémiques autour du coût, et puis ce n'est pas un Musée national. De ce label, la direction du musée, inchangée depuis dix ans et pilotée par Hélène Lafont-Couturier, ne semble cependant pas en peine. Cela alourdirait la charge administrative, et pas besoin de cela pour être, depuis son lancement, le musée français le plus fréquenté hors Paris avec presque 700 000 visiteurs par an (38% venant de la métropole, 23% de la région, 26% des autres régions et 13% d'étrangers) quoiqu'en dise le Mucem qui affiche fièrement son 1, 2 millions de visiteurs... qui compte aussi tous les visiteurs du fort Saint-Jean. À Marseille, on compte... en marseillais. À Lyon, l'objectif de 500 000 visiteurs pour 2015 a été atteint en six mois !

Cristal, palace

Qu'est-ce qui séduit dans ce musée ? Le bâtiment atypique a fini par s'imposer comme un phare à l'entrée de Lyon. Ce vaisseau amiral signé par le cabinet autrichien Coop Himmelb(l)au – aussi aux commandes du musée d'Art contemporain de Shenzhen, ainsi que de la BCE à Francfort – ne s'est pas enfoncé dans les marécages de ce confluent comme le prédisait certains détracteurs du projet.

Mieux, son parc municipal à la pointe, est le terrain de jeu des pratiquants de sabres lasers ou de yoga et danse K-pop. Son restaurant (très — trop ? — prisé par les rendez-vous d'affaires) et son snack sur le toit terrasse ne désemplissent pas. Fin de contrat pour Pignol après dix ans d'exercice. Dès février, c'est Monument café, spécialiste de la restauration en musées qui officiera en faisant plus de place aux propositions végétariennes, voire vegan.

Dans les amphithéâtres du sous-sol (100 et 300 places), pas moins de 90 spectacles, concerts et conférences (un grand nombre est disponible sur la chaine YouTube du musée) sont programmés à l'année sur une temporalité désormais saisonnière, comme dans un théâtre. En même temps, les lieux sont loués environ 70 fois pour des événements privatifs, soit un gain de 800 000 euros annuels, ce qui constitue une partie de l'auto-financement de ce lieu qui cumule 5 millions d'euros de recettes propres issues en majorité de la billetterie.

© Antoine Merlet - musée des Confluences

Nuages de sujets

Les expositions, au cœur bien évidemment du réacteur, se sont enchainées au rythme de quatre par an avec une durée de dix mois. Au commencement, il y a eu celle sur l'industriel et collectionneur d'art asiatique Émile Guimet – puisque ce musée a absorbé une partie du musée Guimet lyonnais fermé en 2007 - et Dans la chambre des merveilles qui portait si bien son nom qu'elle été prolongée deux fois puis est allée à Montréal. 45 expos au total se sont succédées et la très grande majorité d'entre elles sont des créations maison qui se dévoilent au terme de trois ans de travail. Seules trois sont des reprises, adaptées, (À la conquête du pôle Sud, Ma Terre première et À nos amours...) et moins de dix des coproductions avec d'autres institutions. Cédric Lesec, directeur des relations extérieures et de la diffusion, convient avec Hélène Lafont-Couturier que c'est l'immersive Antarctica (2016-17) qui a véritablement lancé le musée, même si elle nous a moins enthousiasmé que Venenum, la seule qui ait réuni des animaux vivants dans son parcours — et quelle ne fut pas la frayeur de l'équipe lorsque le serpent venimeux a disparu un matin (in fine bien dissimulé au fond de son présentoir) et que la mygale déclenche son accouchement dans son vivarium.

Parce que le musée sait entrecroiser les connaissances scientifiques à l'anthropologie, l'histoire, la sociologie, il fait mouche et s'aborde par une multitude d'entrées. Poser ses yeux sur un microscope pour découvrir une bactérie ou une micro-algue dans l'une des expos en cours – Épidémies – ouvre un monde. Les quatre parcours permanents restent néanmoins le socle de ce travail. Le bureau de radiologie de Radiguet et Massiot qui permet de voir le corps sans l'ouvrir à l'orée du XXe siècle trône dans la salle comme celui de Marc Bloch amorce le parcours du CHRD. Car derrière les connaissances, il y a des hommes et des femmes qui cherchent à éclairer les consciences et qui luttent avec force contre les approximations et les contre-vérités.  

C'est précisément pour cela que le musée s'est vu confier tant de donations (celles d'Ewa et Yves Develon, Antoine de Galbert...) qui représentent 70% des acquisitions, et qui font en sorte qu'elles vivent. Celles-ci s'avèrent bien aussi pertinentes qu'un énième dinosaure soumis à la spéculation et dont la traçabilité est souvent opaque. Les objets, les animaux se mêlent aux œuvres d'art comme cet Apu Kaz, mère et bébé dugong, en bronze de l'Australien Dennis Nona dans la pièce consacrée aux espèces ou le tableau d'Aubanel dans la salle Éternités.

Dans celle des origines, les femmes Florès (- 100 000 ans avant notre ère), Sapiens et Néandertaliennes nous accueillent toujours. Seule la salle consacrée aux sociétés, à la déambulation libre, sans véritable fil narratif et aux juxtapositions peu évidentes (oui pour faire ce minitel, il a fallu les minéraux exposés juste à côté) nécessite une refonte. Elle fermera début 2027 pour une réouverture à la fin de cette même année. Avec la constante ambition de comprendre comment et pourquoi nous vivons ensemble. D'où la nécessité de s'adresser de plus en plus aux (tout) petits, comme ce sera le cas dans la décennie qui commence.

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