Programmation / Après le Kraken en 2022 – cette créature tentaculaire en bois semblant surgir des flots de la Saône – les Subsistances invitent une nouvelle fois l'artiste et architecte Khaled Alwarea pour leur série de grandes installations estivale. Accompagné par son studio UV lab et des étudiants de l'ENSBA, il signe "Arcadia", un projet qui s'inscrira dans le paysage du lieu jusqu'en 2027.
Pensée pour accompagner les travaux qui démarreront aux Subsistances à l'automne et qui dureront jusqu'en 2027, l'installation Arcadia s'exprime au travers d'un espace évolutif, inspiré du mythe arcadien. D'après Stéphane Malfette, directeur des Subsistances, cette nouvelle structure avec ses terrasses suspendues, ses structures modulables en bois, et ses bancs aux formes organiques transformera le lieu deviendrait agora, refuge et aire de jeu tout à la fois.
Lancement sensoriel pour une saison mouvante
Les 2, 3 et 4 mai, les Subs inaugurent cette nouvelle mue avec un week-end dense. Nawelle Aïnèche, artiste soutenue par le dispositif Pépites et récemment vue à la Fête des Lumières, y présente Outside, installation-performance tissée de bandes magnétiques et de gestes chorégraphiques, en collaboration avec Marion Zurbach et l'artiste visuel Pia Vidal. Entre sculpture, mapping et exploration de la mémoire du corps féminin, sa pièce ouvre un dialogue à la fois frontal et poétique avec les violences invisibles.
Sur une autre tonalité, le duo Enrico Ticconi & Ginevra Panzetti fait virevolter des drapeaux dans Aerea, rituel chorégraphique paradoxalement solennel et ironique en détournant la force symboliques des étendards. Éric Arnal Burtschy, lui, propose une traversée lumineuse avec Deep are the woods, performance immersive où la lumière devient seule interprète.
L'ambiance se fera plus électrique avec le concert du trio marseillais Biensüre, qui brouille les frontières entre électro, disco et rythmes anatoliens, et celui de Chris Imler, dandy berlinois aux percussions tranchantes, le tout dans le décor modulable d'Arcadia.

Corps en lutte, récits intimes et échappées poétiques
Le 10 mai, dans le cadre des Eurogames, Wod du collectif Lundy Grandpré détourne le crossfit en performance queer et politique, entre sueur, haltères et critique sociale. Là encore, un duo soutenu par les “Pépites” des Subs.
Du 14 au 16 mai, Elsa Thomas, issue de la CinéFabrique, met en scène un rituel du thé filmé en direct avec Matcha girl, qui devient le seul langage possible entre un père et sa fille. Un théâtre intime et documenté, à la frontière du cinéma et de la performance.
La mémoire s'incarne aussi dans le corps acrobatique de Juan Ignacio Tula (les 23 et 24 mai), seul dans une roue Cyr pour Sortir par la porte, autofiction vertigineuse autour de l'enfermement adolescent. Puis, les 5 et 6 juin, Julien Andujar revient avec Tatiana, une pièce singulière autour du deuil de sa sœur disparue, entre cabaret et autofiction. En juin toujours, Bryan Campbell revisite Moby Dick dans Submersion Games, relecture queer et sensuelle où le capitaine Achab devient figure de désir, et la chasse une traversée physique de l'identité. Toujours dans le questionnement de notre rapport au monde, l'artiste taïwanaise Su Pinwen dans Leftover market s'intéresse, dans une expérience participative, à questionner notre manière de consommer, faisant du spectateur le client d'un marché improbable.
Littérature incarnée, humour libre et nuits en clair-obscur
Autre temps fort de la saison : Littérature live, du 23 au 25 mai. Le festival, porté par la Villa Gillet, investit l'ensemble du site pour trois jours de conversations, lectures, performances et concerts littéraires. Une cinquantaine d'auteurs et autrices du monde entier (Paul Lynch, Lofa Lafon, Dalya Daoud, Chigozie Obioma...) y feront résonner leurs voix — dans leurs langues, leurs imaginaires, et parfois leurs corps — pour donner à la littérature une présence pleinement vivante.
En juillet, les réjouissances prennent d'autres formes. Le 5, le Lyon stand-up festival s'invite à Arcadia pour une journée entre comedy clubs en continu et formats duo sous verrière. Le 14, Balatata réinvente la fête nationale en bal performatif, porté par Magda Kachouche et prolongé par le live polyrythmique du DJ tunisien Nuri.
Et le 18, sous la verrière des Subs, Lucie Antunes convoque sa Nuit Sauvage, grande veillée musicale et rituelle où l'on croisera Clara Ysé, Rébecca Chaillon, Louisahhh, Sara Forever, Mélissa Laveaux, entre autres. Une soirée dense, orchestrée par celle qui est cette année l'artiste fil rouge des Nuits de Fourvière.
Optimisme de rentrée et scène en accès libre
Du 10 au 14 septembre, le festival Optimisme ambient prolonge l'élan de l'été avec une programmation en résonance avec la Biennale de la danse. Andrea Givanovitch ouvre le bal avec Leather better, solo physique sur la transformation queer. Puis Mercedes Dassy, Simon Leborgne, Odalie (en version immersive et en live) et Nova Materia pour un final électro. Une boum pour enfants, animée par Pixmix, ferme le tout en douceur.
À noter enfin, la programmation du Club terrasse : du 7 mai au 24 septembre, la scène reste ouverte gratuitement à toutes et tous, avec des concerts (Célia Wa, Pedro Bertho, Marie Klock...), DJ sets et ateliers participatifs. Le programme Vacances en Arcadia, destiné aux jeunes des centres de loisirs, invite aussi les plus jeunes à passer de l'autre côté de la scène.
Et pour clore la saison, les 27 et 28 septembre, l'IF festival organisé par le magazine lyonnais dédié à la culture visuelle et à l'illustration Kiblind viend à son tour investir les Subs avec sa programmation graphique, créative et décalée.
Arcadia
Du 2 mai au 28 septembre 2025 aux Subs (Lyon 1er), installation à découvrir jusqu'en 2027 ; prix variables