Expo / Christian Lutz photographie l'univers feutré et un peu fade du pouvoir contemporain, figeant quelques-uns de ses protagonistes dans leurs codes et costumes policés... Jean-Emmanuel Denave
Mais là où les images deviennent cocasses et d'autant plus intéressantes c'est quand ces «costumes trois pièces sur pattes» se retrouvent dans des lieux gardant encore les traces des fastes du pouvoir à l'ancienne : une ambassade, un palais espagnol, une vieille abbaye norvégienne... On perçoit alors un décalage flagrant entre les symboles grandiloquents d'hier (fonctionnant aujourd'hui à l'état de folklore) et les rituels lisses et pseudo techniques d'aujourd'hui. Car c'est bien à une image "sérieuse" et rationnelle qu'aspirent les responsables politiques contemporains : en marge ou directement, Christian Lutz en montre le caractère un peu ridicule et, surtout, une impression générale de grande vacuité. Pourquoi dès lors a-t-il choisi d'exposer ses photographies sur le modèle de la peinture d'histoire (grand formats encadrés de larges cadres de bois) ? Par ironie ou par nostalgie ? Sur cette question, le photographe reste peu clair : «Ce travail a été motivé par un rapport ambigu, fait d'attirance et de répulsion, que j'entretiens avec l'autorité, le pouvoir et les systèmes hiérarchiques. J'avais l'intention de confronter la photographie que je pratique à certains codes de comportement liés au pouvoir. Peut-être pour pouvoir mieux les tolérer ensuite».Christian Lutz
Au Bleu du ciel-Burdeau jusqu'au 21 février.