Le fol imaginaire de J.-C. Silbermann

Expo / Jean-Claude Silbermann expose à l'URDLA des œuvres hétéroclites, datant de 1969 à 2010. Et transporte notre regard vers toujours plus d'associations surréalistes, de rencontres incongrues, de métamorphoses étonnantes... Jean-Emmanuel Denave

Humour, hasard, érotisme, rêve, inconscient, automatisme... Fraîcheur, atemporelle, du surréalisme. Poète, écrivain, artiste, Jean-Claude Silbermann (né en 1935) a participé aux activités du groupe surréaliste de 1956 à 1969, qui se déroulaient quotidiennement dans un café parisien. «Je pars du principe qu'il existe entre les êtres et les choses, les choses et les choses, les êtres et les êtres une communication silencieuse généralisée, dont seuls l'art et la poésie peuvent surprendre fugitivement et rapporter le feulement, le murmure, le bruit de fond... Je ne cherche pas à illustrer cette idée par une allégorie, mais à la pousser dans des retranchements où ce babil universel préservé manifestera peut-être son existence (et son mutisme) par des images», écrit Silbermann. Les vases sont communicants et l'on retrouvera dans l'exposition ces femmes, ces enfants, ces animaux, ces monstres et ces autres hommes qui «occupent de façon inégale une part de la superficie de J.-C. S.». Et qu'il laisse s'exprimer en noir et blanc ou en couleurs sur des lithographies, des mousses peintes, des toiles découpées, des dessins, quelques objets aussi... Comme cette bobine de fil qui se dévide en une échelle de corde, avec sur l'un des barreaux le mot «maman». Automatisme
De haut en bas, de fil en aiguille («du fil de la Vierge à la toile d'araignée», disait Breton dans "Nadja"), de mère en fils, de ciels en océans, les idées et les images s'associent avec une grande liberté, flottent, tournoient, jubilent... Les figures féminines sont particulièrement présentes tout au long de l'exposition. Tour à tour angoissantes et attirantes, oniriques et lubriques, acrobates et hiératiques. On découvre même un grand sexe féminin à la pilosité touffue parmi laquelle se glisse un poisson bleu, une oreille humaine entre ses mâchoires. «Quel est ce mot que je ne peux entendre ?» indique le cartel, en référence au second Faust de Goethe. Et tous les titres de Silbermann jouent ainsi de références, d'énigmes, d'incongruités, d'humour, en relation avec les images. «Vous partez déjà ?», interroge encore l'un d'eux, alors qu'une sorte de rapace emporte entre ses serres deux crânes humains... Le grand automatisme plastique de Silbermann passe par des jeux de mots, des flux, des fils, des matrices, ou par les bouches humaines et les gueules d'animaux. Et égrène, devant nos yeux éberlués, ses «trouvailles» tissées de hasards et de désirs inconscients.Jean-Claude Silbermann «retourne-toi pas»
À l'URDLA (Villeurbanne)Jusqu'au vendredi 19 novembre

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