Francis, pas assagi…

Musique / Le Grnd Zéro Vaise accueille un des artistes importants du hip-hop américain, Sage Francis, avec un nouvel album, "Li(f)e", où il n’a jamais autant flirté avec le rock… Christophe Chabert

On l’a découvert dans la bouillonnante marmite de l’écurie Anticon au début des années 2000. Sage Francis exposait alors, avec un flow démentiel et un verbe cru, les pages arrachées de son existence. Puis on l’a vu sur scène, brute tatouée et pleine d’humour descendant dans le public pour mieux lui éructer ses états d’âme torturés. On n’a jamais quitté depuis ce personnage à part dans le milieu du hip-hop. Au fil des disques, d’ailleurs, le hip-hop ne semblait plus vraiment être son affaire — les étiquettes, il a tendance à les brûler avec un jerrycan d’essence. Quittant le label de San Francisco pour se rapprocher d’une autre maison, plus proche à l’époque des groupes de hardcore que du rap, Sage Francis y a développé une musique fièrement rétive à toutes les bastilles. "A healthy distrust", son disque le plus violent, sentait la poudre, les mauvais coups, la fièvre. "Human the death dance" respirait la convalescence, l’envie de se ranger, la perspective de l’amour au-delà des plans foireux.Vies et mensonges
Et voilà 'Li(f)e'. Ou la vie comme un mensonge… À moins que Sage Francis ne considère que toute vie doit se construire sur la duperie pour espérer dire sa vérité. Le morceau d’ouverture, portrait d’un roi de l’évasion surnommé Little Houdini qui, pour pouvoir visiter tour à tour son père mourrant et sa mère atteinte d’Alzheimer, a réussi à mettre la police en déroute, raconte comment une pulsion de vie peut justement se jouer de ce qui l’entrave. Dans cette introduction, on retrouve la virtuosité de Sage Francis pour raconter une histoire fortement imprégnée de mythologie country et passée au mixer de son habituelle rage de chanter. Chanter ? Oui, Sage Francis n’a jamais autant chanté que sur "Li(f)e", prenant sans complexe ses distances avec ses racines hip-hop. Cela donne un morceau qui figurerait un tube parfait : "I was zero", co-écrit avec cet autre maverick du rap, le Canadien Richard «Buck 65» Terfry. L’autre surprise de l’album, c’est sa partition musicale très électrique et acoustique, mais pas du tout électronique. Certes, Sage Francis a depuis longtemps mis de grands coups de pieds dans les samplers… Mais la présence au générique du disque de Jason Lytle (ex-Grandaddy), des membres de Calexico et même de Yann Tiersen pour un sublime dernier morceau, témoigne de la curiosité musicale de l’artiste. On peut aussi entendre sur "Li(f)e" une des dernières compositions de feu-Mark Linkous, qui n’aura jamais été aussi actif que dans les derniers mois de sa vie. On a le sentiment que ce beau disque, et surtout son titre, sont un hommage prémonitoire à cet écorché vif…Sage Francis
À Grnd Zéro Vaise, mardi 21 septembre (avec Jeffrey Lewis et Daniel Francis Doyle)

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Mercredi 6 juin 2007 Human the death dance Epitaph/PIAS

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