La Belle au jardin des délices

À l’occasion du passage, ce samedi 22 janvier, de Belle du Berry & David Lewis au Périscope, « Belle », comme l’appelle son compagnon de vie et de création, a accepté de répondre à quelques questions. Entre chanson populaire, Emily Dickinson et musique punk : le temps en quelques strophes de goûter à l’univers tout particulier de la chanteuse en harmonique éclectique ! Propos recueillis par Mélanie Vivenza.

Petit Bulletin : À l’écoute de vos chansons, nous sommes conquis par les alliances de termes déroutants et poétiques de vos textes, «Invisible et parfumée» notamment, qui évoque «ce temps qui passe de grain en grain le long des hanches». Quelle est la place des inspirations littéraires dans votre création ?
Belle du Berry : Effectivement, mes lectures me marquent autant que les musiques que j'écoute. Je lis beaucoup de poésie et suis très attachée à celle d’Emily Dickinson. Quant à mes chansons, je les écris à partir de bouts de textes ou de poésies. Sur ce projet de l'album «Quizz», par exemple, l'inspiration est partie de choses un peu abstraites et intimes, davantage que pour l'écriture des chansons de Paris Combo.Êtes-vous une observatrice du monde ou bien préférez-vous vous en remettre à votre imagination ?
Je suis très admirative de ces auteurs féminines du XIX ème qui de leur petite vie très cloîtrée avaient une ouverture incroyable sur le monde et il y a – sans vouloir me vanter- un peu de cela dans le principe de mon écriture. Cependant il y a aussi une part de ma vie personnelle, de mes réflexions, la part de mon vécu en fait. Ce qui fait que je suis un peu dans les deux.Il y a dans vos chansons quelque chose d’une histoire immédiatement établie, d’un monde qui s’ouvre le temps que dure la mélodie, comme un film sur la toile, le sens de l’image suggérée : êtes-vous nourrie d’une certaine culture cinématographique ou théâtrale ?
J'ai eu quelques expériences théâtrales, j’ai aussi travaillé sur la technique cinématographique. Il est vrai que le cinéma est une grande passion pour moi. J’envisage un peu les chansons comme des courts-métrages, l'histoire doit se commencer, se développer, se terminer en quelques strophes et imposer un climat. Il peut s’agir d’une histoire ou bien d’une idée dont on s’imprègne. Je trouve que la musique de David Lewis est très cinématographique, elle distille une atmosphère qui rend la collaboration très agréable !Par rapport à cette étroite imbrication entre musique et parole je me demandais comment naissaient vos chansons: est-ce le texte qui se modèle sur la mélodie ou bien l'inverse ?
En fait, ce projet a été un vrai laboratoire pour David Lewis et moi-même. On s'est dit : « Tiens ! Faisons un projet pour lequel nous n’écririons que tous les deux ». Et nous avons ouvert la porte à ce qui venait : c'est un travail qui a été très riche. Parfois j’arrivais avec une idée de mélodie et un texte, d’autres fois j’écrivais sur des musiques de David, nous avons aussi écrit et composé ensemble pour la chanson « Faux Amis ». C’était une sorte de collage entre textes et musiques de chacun de nous. Certaines de vos chansons sont écrites en anglais, d’autres en français : comment s’opère le choix de la langue ?
Les textes en anglais sont les textes de David. Dans le cadre de cette collaboration, je n’avais pas envie de chanter des textes qui ne soient écrits que par moi. C’est comme ça qu’est né « Garden of Delights » : texte et musique David Lewis !Votre voix tient presque de la diction, elle est à la fois claire, posée et mélodieuse. L’avez-vous travaillée ? Comment la définiriez-vous ?
Je ne sais pas trop comment définir ma voix parce que c’est un vrai mystère pour moi. Je l’ai travaillée. J’ai commencé par faire du punk qui nécessitait une voix plus stridente, j’ai même chanté en acoustique à mes débuts ! Pour passer au-dessus de la batterie, de la guitare, de la contrebasse, j’avais développé une vraie technique de projection ! Lorsque je suis passée à la chanson devant micro j’ai compris qu’il fallait faire quelque chose et j’ai donc commencé à prendre des cours de chant lyrique : un vrai entraînement technique qui m’a sauvé la mise pendant les tournées de 150 dates par an pendant dix ans avec Paris Combo. Depuis, j’ai d’autres envies qui vont davantage vers la douceur et moins vers le coffre. Je vais là où ma voix me mène…Vous considérez votre nouveau projet comme un renouveau, une nouvelle perspective par rapport à Paris Combo ?
Oui, un renouveau salutaire ! Avec Paris Combo, j’avais acquis un savoir-faire certes mais aussi des habitudes, de ces choses qui au bout d’un moment empêchent de progresser. Avec l’album « Quizz », la voix est plus mise en avant que lorsque c’est la dynamique de groupe qui prend le dessus.Est-ce que vous accepteriez le terme de chanson populaire, peut-être pas au sens actuel du terme, mais je crois savoir que vous aimez les chanteurs des années 30, Jean Tranchant notamment ? Une chanson populaire que l’on fredonne à tous les moments de la journée…
Je l’accepte volontiers, d’autant que j’estime faire ce métier pour communiquer quelque chose. Bien sûr il y a l’enregistrement mais c’est un produit. Mon métier est de jouer sur scène et d’écrire des chansons, c’est le côté vivant du métier. La magie s’opère dans la création et dans l’interprétation. Je suis toujours très heureuse quand je m’aperçois que le public est touché, c’est là que tout prend sens.Une expérience de la scène qui semble donc être primordiale !
Oui, nous envisageons vraiment la scène comme le lieu où la chanson prend réellement vie. Souvent, on enregistre les chansons avant de les avoir vraiment jouées sur scène ; elles ont donc un caractère réfléchi, pensé, travaillé entre quatre murs. Lorsqu’on commence à les jouer, elles évoluent très vite, et prennent toute leur force, toute leur ampleur. On devrait enregistrer après avoir tourné pendant un an : ce serait génial !La scène vous laisse-t-elle le temps de former de nouveaux projets musicaux, vous laisse-t-elle le temps de composer ?
Nous vivons la pose d’avec Paris Combo comme une sorte de « petite diète ». Nous sommes sur un autre projet, nous repartons de zéro. En tant qu’artistes, nous nous devons d’évoluer, d’avoir toujours quelque chose à proposer, de qualité, sans forcément changer du tout au tout.Qu’aimez-vous écouter lorsque vous êtes tranquillement assise, rêvassant le nez en l’air chez vous ?
J’écoute un peu tout ce qui passe, les musiques de ma fille de 9 ans, la musique dans les magasins, j’ai toujours une oreille ouverte. Mais personnellement et paradoxalement, je n’écoute pas de chanson française. J’écoute beaucoup de choses des années 80, comme du ska, du punk. Je réécoute volontiers du jazz : Billie Holliday, Ella Fitzgerald. J’écoute Caetano Veloso, Tom Waits, Fiona Apple. Je suis attachée à des musiques très « organiques ».Merci Belle du Berry pour le temps que vous nous avez accordé, Lyon vous attend !
Mais nous attendons Lyon !

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