Performances / Parmi les nombreux invités du Week-End Ça Trace !, notre curiosité est attisée par deux jeunes artistes des plus enflammées : Gwendoline Robin qui joue avec les allumettes pour créer de brefs moments de poésie visuelle ; Karelle Prugnaud qui, quant à elle, met le feu à la libido et promet de placer «le corps à l'épreuve de tous nos fantasmes». La première, venue de Belgique, s'inscrit dans la lignée des performeurs des années 1970, tels Chris Burden se faisant tirer une balle dans le bras et, surtout, Gina Pane s'enfonçant des épines de rose dans la chair, brûlant son corps au-dessus de bougies jusqu'à l'insupportable, ou escaladant une échelle aux barreaux hérissés de lames de rasoir... Gwendoline Robin, quant à elle, escalade des échelles en flammes, s'harnache de fusées de feux d'artifice, fait exploser ou brûler divers objets... La douleur a disparu et la mise en danger s'est atténuée par rapport aux performances des années 1970. Reste l'idée forte de cérémonial étirant une durée (si brève soit-elle), suspendant le temps mécanique et la tranquillité du spectateur, à laquelle s'ajoute un grand sens de la poésie minimaliste... Point de minimalisme en revanche du côté de la jeune Karelle Prugnaud dont le théâtre donne dans l'extravagance, le costume baroque, la prodigalité d'images esthético-érotiques... «La brûlure du regard» met en scène le récit d'Ovide à propos de Diane et d'Actéon, où ce dernier est métamorphosé en cerf pour avoir osé regarder la déesse nue à son bain, et finit dévoré par ses propres chiens. Bref, après les flammes, le spectateur pourra quand même se rincer l'œil. JED
