Saynètes de ménage

Photo : Ilan Ginzburg
Danse / Pour sa nouvelle création après Emotions chimiques, Jean-Pierre Bonomo poursuit son exploration de l'intimité sous un jour plus solaire. Elans plastiques se nourrit plus volontiers à l'imprévu, à l'accidentel intégré dans la création, à l'impulsion artistique, et offre en pâture une poignée d'instantanés où le spectateur pourra reconstituer, selon son bon vouloir, différentes étapes de la vie d'un couple. Que l'on se rassure, derrière l'apparente rigueur théorique et le télescopage tous azimuts de références gentiment hautes perchées, le spectacle dispense son lot de visions évocatrices, dès que la froideur assumée du dispositif scénique s'ouvre pleinement à ses interprètes. Les deux premiers tableaux nous les cachent sciemment : ils émergent dans un premier temps recouverts de couches de vêtements semblant les déshumaniser, impression confirmée par l'irruption d'une bande-son électro-industrielle sur laquelle les danseurs sont à deux doigts de breakdancer. Puis c'est derrière d'imposants carrés que le chorégraphe nous les masque, marquant leurs efforts pour faire sortir leur corps de cette espèce de censure physique. Ces étapes passées, ils peuvent désormais s'ébrouer librement, chercher la connivence, le rapprochement par accessoires interposés (on vous laisse la surprise pour ne pas vous gâcher le plaisir de cette belle séquence)... ou communiquer de façon plus frontale. Elans plastiques repose pour beaucoup sur l'alchimie entre les deux interprètes, Vanessa Tadjine et Simon Nemeth, sur leur capacité à traduire le trouble avec évidence.FCElans plastiques
Jusqu'au vendredi 2 octobre, au Théâtre de Création