Chimie
Chimie / Sous pression constante des autorités et des riverains depuis la révélation du scandale des "polluants éternels", l'industriel japonais Daikin Chemical France opère un virage stratégique sur son site de Pierre-Bénite.
Photo : Image d'illustration, Pexel © Giuseppe Macri
L'entreprise productrice de produits à base de fluor située à Oullins Pierre-Bénite, annonce l'arrêt définitif de l'utilisation du PFHxA, un additif perfluoré classé toxique pour la reproduction, au profit d'une alternative non fluorée. Si cette transition à un million d'euros marque une avancée environnementale, l'opacité est maintenue autour du nouveau composé utilisé.
L'annonce tente de désamorcer, au moins partiellement, la crise de confiance qui s'est installée au sud de Lyon. Daikin Chemical France, voisin du chimiste Arkema au cœur de la plateforme industrielle de Pierre-Bénite, a confirmé lundi 1er décembre au Progrès la modification substantielle de ses procédés de fabrication. L'industriel se sépare du PFHxA (acide perfluorohexanoïque), un surfactant de la famille des PFAS, ces composés perfluorés ultra-résistants qui s'accumulent dans l'environnement et les organismes vivants. Classée « toxique probable pour la reproduction », cette substance est désormais remplacée par un surfactant non fluoré, marquant une rupture technologique présentée comme irréversible par la direction.
Si l'abandon d'un composé perfluoré constitue indéniablement une bonne nouvelle pour l'écosystème rhodanien, la communication du groupe japonais conserve ses zones d'ombre. En invoquant le « secret industriel » pour ne pas divulguer l'identité chimique du remplaçant du PFHxA pour un investissement d'un milion d'euros, Daikin nourrit malgré lui la méfiance. Dans un territoire où la population réclame désormais une transparence totale sur les rejets atmosphériques et aqueux, le concept de « boîte noire » technologique passe difficilement.
Le Bisphénol AF, l'autre dossier brûlant
Cette annonce ne solde pas pour autant le passif environnemental du site. L'usine continue d'exploiter d'autres molécules controversées, au premier rang desquelles le Bisphénol AF. Suspecté d'être un perturbateur endocrinien et classé comme « substance extrêmement préoccupante » par l'Union européenne, ce composé reste essentiel aux process actuels de l'industriel. Bien qu'il fasse l'objet d'une « filtration absolue » sur l'unité de pré-compound - une installation dont le redémarrage avait été conditionné par la justice -, son utilisation est en sursis.
La préfecture du Rhône maintient, en effet une pression maximale : l'État a réduit le délai accordé à Daikin pour trouver un substitut à ce bisphénol, passant de trois à deux ans.

