Danse / Depuis dix ans, la compagnie de danse La Vouivre, menée par Bérengère Fournier et Samuel Faccioli, construit spectacle après spectacle une œuvre personnelle et forte. Dans sa nouvelle création pour cinq danseurs (dont Bérengère Fournier) et un musicien baptisée "Feu", le duo explore une part plus sombre de son univers, pour un bouillonnant déchaînement chorégraphique de tout juste une heure. Interview.
Votre pièce Feu est centrée sur la violence, mais il en ressort tout de même un propos optimiste...
Samuel Faccioli : C'est en tout cas le message qu'on a eu envie de délivrer. On part d'un constat, d'un choc, d'une sidération, pour après éprouver notre capacité de résilience afin d'aller vers quelque chose de positif sur le vivre ensemble, vers la lumière.
Mais pourquoi ce point de départ assez noir ? Est-ce un constat sur l'état du monde ou une réflexion plus personnelle ?
Bérengère Fournier : C'est les deux et c'est un petit peu une coïncidence. À la base, ça part d'un événement personnel très fort, d'une maladie... Mais la création a aussi été faite entre les attentats de janvier 2015 et ceux du 13 novembre : on a été rattrapés par l'actualité. Et du coup les deux histoires se sont rencontrées pour donner Feu. C'était très troublant.
On vous a connu avec des pièces légères comme Oups, Opus ou encore La Belle. Êtes-vous aujourd'hui plus graves qu'à vos débuts ?
SF : On ne se considère pas forcément plus graves qu'avant. On continue juste dans notre univers poétique, même si là, c'est de la poésie brute, moins onirique. On voulait quelque chose de fulgurant comme l'appelle le titre : Feu, comme un coup de feu.
BF : Mais c'est sûr que depuis nos débuts avec Oups, on a évolué, on a vécu des choses très belles et d'autres plus graves qui, forcément, imprègnent nos objets artistiques.
Feu s'ouvre avec un tableau grandiose et millimétré fait d'images arrêtées qui apparaissent et disparaissent. Comment l'avez-vous construit ?
SF : Pour avoir des images qui fonctionnent, on a répété tout de suite avec le musicien au plateau, avec la lumière et avec les danseurs. On a travaillé longuement sur une lumière très précise pour régler l'image au dixième de seconde près, pour travailler sur la persistance rétinienne du spectateur. On a fini par créer un centaine d'images pour n'en garder que quelques-unes.
Feu
À la Rampe (Échirolles) mardi 24 janvier à 20h