Tonnerre de Bristol

Lundi 25 juin, à chaque mythe anglais son amphithéâtre gallo-romain. Fourvière pour la brit-pop des Stone Roses, Vienne pour le «Juke Glory Box» de Portishead. Quand les pionniers de Manchester se reforment, ceux de Bristol, à leur avantage, se transforment. Stéphanie Lopez

En n’ayant sorti que trois albums (plus le fameux live Roseland NYC) en près de vingt ans d’existence, Portishead nous fait penser à ces gens rares et précieux qui ne parlent jamais que lorsqu’ils ont quelque chose d’intéressant à dire. Pas du genre à meubler, pas du genre à remplir, le sporadique trio semble avoir fait de la rareté un gage de longévité. Qui veut voyager loin ménage sa monture, et qui veut marquer les tympans s’épargne les fioritures. Le seul objectif à atteindre, c’est l’excellence. Sans quoi Portishead préfère encore le silence. Du coup, quatre ans déjà se sont écoulés depuis Third. Album de la métamorphose, fruit d’une exigence qui aura réclamé dix ans d’attente et de remises en cause, Third est aussi un coup d’éclat, un éclair fulgurant dont le coup de tonnerre agit comme une bombe à retardement. Quatre ans après, l’orage continue de gronder, de grandir et de hanter…

Marche vers l’oasis

«Le but de cet album était de dire quelque chose de différent. Éviter de se dupliquer, trouver de nouvelles solutions aux anciens problèmes», déclare Geoff Barrow*, qui reconnaît volontiers le long passage à vide par lequel Portishead est passé dans les années 2000. Il faut attendre 2004 pour qu’un déclic se produise, lorsque le tandem Utley/Barrow s’attelle pour The Coral à la prod’ d’Invisible Invasion. Quand elles sortent du studio, les deux têtes chercheuses savent qu’elles tiennent là une bonne piste : «On était à nouveau Portishead». Les sages soufis disent qu’il n’y a pas de traversée du désert ; il n’y a qu’une marche vers l’oasis. Ainsi avec Third, Portishead a prouvé qu’il n’était pas un groupe du passé, englué dans la neurasthénie trip-hop 90’s. Loin s’en faut. Les fulgurances post-indus qui transpercent ce troisième opus prouvent bel et bien que le trio a su passer le cap 2.10 avec brio. Considéré par Geoff comme le meilleur disque qu’ils aient réalisé (et on est bien d’accord), Third et sa «krautpop» accidentée, intemporelle, a aussi largement fait ses preuves sur scène. Avec une préférence pour les lieux chargés d’âme (le concert de 2011 dans les Arènes de Nîmes était déjà sublime), qui sait si ce nouveau Third Tour ne pourrait pas faire l’objet d’un deuxième album live ? Histoire de patienter en attendant un hypothétique Fourth… en 2018 ?

Portishead
Au Théâtre antique de Vienne, lundi 25 juin

*Source : evene.fr

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