Tour à tour, on entend parler de la scène de Clermont-Ferrand, de celle de Bordeaux, de celle de Reims, de la nouvelle scène normande qui déchire tout (nouvel avatar : Granville, des Concrete Knives francophones), mais de la scène de Metz, jamais ou presque. Sans doute parce qu'il n'y en a pas ou qu'elle ne rayonne pas suffisamment loin. De temps à autre pourtant, on voit dépasser une tête, ou un casque – Cascadeur qui l'an dernier a musicalement sauvé le département 57 pour dix ans avec The Human Octopus.
Or voici Marie Madeleine, formation messine qui s'autoproclamant à la fois «Sainte» et «Pute» distille un chaud-froid de disco et de new-wave qui porte la croix musicale d'une époque révolue : celle de la grandeur passée d'une région qui aujourd'hui pleure des larmes d'acier en fusion.
Marie Madeleine, c'est comme si des immigrés italiens avaient fait faire le sexe à l'italo dance et à un Joy Division converti aux vertus, et surtout au vice, de Donna Summer. Car derrière les claviers glacés et nihilistes il n'y a pas que l'acier liquide qui soit chaud : qu'on écoute le EP Ural Baïkal Amour – qui permet de réviser la géographie de la grande Russie – ou le précédent et terrible Swimming Pool – davantage porté sur la géographie féminine –, le résultat est plus brûlant qu'un haut-fourneau qu'on ne voudrait jamais éteindre.
Stéphane Duchêne
Marie Madeleine + Tresors
Au Sonic, vendredi 28 décembre
MARIE MADELEINE - SWIMMING POOL par ekleroshock