Elle a fixé dans son dernier livre des rendez-vous nomades et ça lui ressemble. Sylvie Germain (présente à la bibliothèque de Décines jeudi 30 mai et à l'hôpital Saint-Joseph Saint-Luc de Lyon 7e le lendemain) écrit depuis plus de trente ans et, en autant d'ouvrages parus, n'a cessé de semer des petits cailloux sur le chemin d'une littérature à fleur de peau.
Ce qu'elle raconte a à voir avec la difficulté des êtres de se trouver, de faire leur place dans ce monde, inscrivant à l'occasion ces réflexions dans un cadre historique - Immensités narre les aventures de Prokop à Prague au moment de la chute du Rideau de fer, Jours de colère évoque la vie de Corvol dans le Morvan. Souvent ses personnages ont, comme elle, une foi qui les anime sans pour autant les dévorer. Sylvie Germain aime sonder ce mystère en veillant à ne jamais diaboliser et, surtout, à ne pas opposer les croyants et les sceptiques. La frontière est pour elle beaucoup plus ténue.
Ce n'est d'ailleurs pas dans les cieux qu'elle ancre ses récits mais dans la matière tellurienne. Ses livres ont l'odeur de la terre fraîchement arrosée et susurrent à nos oreilles le bruit des feuilles agitées par le vent. Peu importe alors que les Sages de l'Académie Française aient préféré laisser vacant le siège de Pierre-Jean Rémy plutôt que de le lui attribuer - elle n'a récolté, en janvier dernier, que treize voix sur les quinze minimum nécessaires à toute élection.
Nadja Pobel