Magnétique, la comédienne Anna Mouglalis, habituée des plateaux de cinéma pour des films plus (Mammuth, Gainsbourg (vie héroïque)) ou moins réussis (J'ai toujours rêvé d'être un gangster, La Jalousie) retrouve le théâtre avec, pour nous spectateurs, une appréhension : va-t-elle vampiriser la scène comme sait le faire son ainée qui lui ressemble tant, Fanny Ardant ? Eh bien, non. Elle sait imposer sa présence avec un mélange de timidité et d'assurance qui sert ce texte d'Arnaud Cathrine, Sérénades (au théâtre de la Renaissance du 6 au 8 avril). Elle incarne une femme désespérée par un mal d'amour (un "despecho" qui, en Colombie, peut justifier un arrêt de travail) qui chante pour conquérir celui qu'elle désire sans le connaitre vraiment.
Le guitariste Vincent Artaud accompagne les angoisses de ce personnage qui se love dans un romantisme noir et absolu. Mouglalis, dirigée par Ninon Brétécher, parcourt tout l'espace — scénographié telle une forêt — comme un animal cherchant une issue heureuse. Mais ce qui compte, c'est cette quête.