Musilac / Aussi foisonnante que pointue, éclectique que bien choisie, populaire (Les Insus, Elton John) que fureteuse (Barns Courtney), hurlante (Mass Hysteria) que sussurante (Lou Doillon), la programmation de Musilac est un joyeux casse-tête autant qu'un labyrinthe où il fait bon se perdre. Et où nous avons posé ça et là quelques balises.
Grand Blanc
L'Australie, La Réunion, Aix-les-Bains : on ne peut plus se baigner tranquille. La nature est devenue tellement folle, que l'on ne peut plus barboter deux secondes dans l'insouciance estivale sans se faire croquer par un requin, ici un Grand Blanc. Certes, Grand Blanc le groupe ne mord pas vraiment mais pour ce qui est de venir souffler de l'intranquillité sur la nuque de vos aspirations festives, il n'y a pas mieux, c'est même un peu le concept du dernier album, qui est d'ailleurs le premier, de ces lorrains à la discold-wave dévastatrice et aux tubes dévorants. Ils ne sont peut-être pas des têtes d'affiche du festival au sens premier du terme. Mais ils en ont la gueule. Et grande ouverte avec ça.
Sur la scène Le Korner le samedi 9 juillet à 15h25
Foals
À quoi voit-on qu'une sauce est en train de prendre pour de bon ? C'est simple : quand certains commencent, affublés d'une grimace de doute, à l'accuser d'avoir tourné. C'est bien le phénomène qui commence à se produire avec Foals, prodigieux groupe de disque et de live, dont l'ambition démesurée — pour schématiser on pourrait dire qu'ils ont remisé leur math-rock pour s'attaquer à une sorte de pop quantique en mutation permanente — commence à faire dire que la formation menée par Yannis Philippakis n'aspire qu'au rock de stade (mi-Muse, mi-Pink Floyd, tardif). Procès sévère — si l'on n'a même plus le droit d'enflammer les foules... Ironie du contexte aixois, Foals se produira sur la scène Montagne quand précisément à l'écoute de leur dernier album, pourtant intitulée What went down, on a la très nette sensation de parcourir une montagne sans jamais savoir si l'on est en train de la gravir ou de la descendre.
Sur la scène Montagne le dimanche 10 juillet à 21h10
Courtney Barnett
Pas la peine d'y aller par quatre chemins : Courtney Barnett est ni plus ni moins que la petite fiancée de l'indie-rock, ravivant aussi bien le fantôme de la PJ primale du début des 90's que l'ère slacker précédant de peu le grunge (Pavement, ce genre), à l'image du titre de son premier véritable album, qui est aussi le dernier, Sometimes I sit and think and sometimes I just sit — ce qui vaut programme politique. Avec une nonchalance caractérisée, un charme qui ne dit pas son nom, et un vrai sens caché de la mélodie, Courtney Barnett emballe des tueries de morceaux dans des guenilles soniques, comme on cache par pudeur sa beauté dans un trop grand tee-shirt. Ce qui a bien souvent l'effet inverse de celui recherché. Courtney ? Love.
Sur la scène Montagne le dimanche 10 juillet à 17h05
Elton John
Bien sûr, il y ce côté Liberace rondouillard. Bien sûr, il y a les toupets gênants, bien sûr, il y a Candle in the Wind et toutes ces sortes de choses comme disent les Anglais. Mais si c'est pour se rappeler le jour où il cassera sa pipe qu'Elton John restera comme l'un des géants de la pop, autant le faire aujourd'hui. Cessons d'oublier qu'il a été l'un des musiciens les plus inspirés de son temps — pas forcément du nôtre — et que réécouter ses grands albums des 70's peut coller une remarquable claque et rappeler que le glam rock, c'était aussi lui (et que Candle in the Wind figure sur son chef d'oeuvre Goodbye Yellow Brick Road, comme quoi). L'un des musiciens les plus doués pour mettre la larme à l'œil à un menhir. Ne boudons pas notre Elton.
Sur la scène Lac le samedi 9 juillet à 22h
Barns Courtney
Allez faire votre trou dans un festival quand en guise de nom de famille, Courtney, vous portez le prénom d'une des têtes d'affiche du festival et qu'en plus ce qui vous fait office de prénom — si tant est que c'en soit vraiment un, puisqu'en réalité, lui c'est Barnaby — ressemble furieusement au patronyme de l'artiste précitée. Mais non, Barns Courtney n'est pas à Courtney Barnett ce que Sébastien Patoche est à Patrick Sébastien. Barns fait partie de ces jeunes mâles américains biberonnés à l'Americana, capable de faire mugir une guitare ou de faire feuler leurs cordes vocales en mode crooner de saloon, d'évoquer Nashville, comme la capitale du grunge, les Avett Brothers comme San Fermin. Malgré tous ces prénoms qui n'en sont pas, le Barns est à deux doigts de se faire un nom, un vrai.
Sur la scène Korner le dimanche 10 juillet à 15h25
VKNG
On connaît généralement Thomas de Pourquery pour son gros sax et sa grosse barbe, ses nombreuses, éclectiques, même si discrètes collaborations (François & the Atlas Mountains, Jeanne Added, Metronomy, Oxmo Puccino, Mick Jones), moins pour ses quelques apparitions au cinéma (chez Antonin Peretjako, encore tout récemment) et plus pour son Play Sun Ra de 2014 (où il reprenait... Sun Ra). On connaît aussi, un peu, Maxime Delpierre pour ses talents de guitariste et réalisateur-arrangeur, et ses collaborations avec Médéric Collignon et Louis Sclavis. Partenaires de longue date, autour du jazz notamment, les deux ont fondé VKNG il y a trois ans. On est loin du groupe de métal qu'un tel nom pourrait laisser imaginer. Plutôt dans une sorte de funk quasi-bowien, se réclamant tout aussi bien des Flamings Lips que de LCD Soundsystem. C'est dire dans quelle macédoine on nage. C'est dire aussi à quel point c'est accrocheur et potentiellement irrésistible.
Sur la scène Firestone le dimanche 10 juillet à 16h15