Dessin / La galerie Michel Descours expose les dernières séries de dessins de Christian Lhopital. Où l'on est à nouveau fasciné par son inventivité graphique et les émotions fortes qu'elle procure.
Sur une scène improbable, faite d'un peu de graphite et de peinture, un personnage à la tête sans traits se penche un peu de profil, plie les jambes, tend les bras vers l'arrière... On dirait un danseur exécutant un solo (titre du dessin et de la série dont il est issu, datant de 2018) au beau milieu d'un déchaînement d'éléments plastiques : volutes de pastel, petites taches de couleur-lumière, cercles-astres de différentes circonférences et de différents tons, coulures floutées, lignes tremblotantes... Qui entraîne l'autre ? Est-ce le danseur (l'artiste ?) qui fait se mouvoir en spirales le dessin, ou bien est-ce le mouvement du dessin qui donne son rythme et son mouvement au personnage (à l'artiste) ? Qu'importe, la scène semble, de toute façon, plonger dans une fantasmagorie imaginaire hors de tout repère rationnel, reculer vers un passé et un réel dont les souvenirs sinuent en lignes courbes et en éclats. Le souvenir, la trace, l'œuvre sont chez Christian Lhopital toujours multiples, équivoques, vivants.
Vies du regard
Solo est l'une des dernières séries de dessins réalisées par l'artiste résidant à Lyon, qu'il dévoile à la galerie Descours, au sein d'une exposition prolifique et... forte ! Les séries Patience et torpeur, Incantation, Évaporation poursuivent et renouvellent à la fois son univers singulier. La musique (le jazz notamment), la littérature, la bande-dessinée, le cinéma y sont toujours des éléments déclencheurs de véritables événements plastiques où le regard est invité, tour à tour, à l'hypnose (Fixe face silence), à l'errance, à la répétition (séries dites cinématiques), à l'ivresse, au mouvement, à une féerie faite autant d'angoisses que de joies. Imaginaire et réel, vie et mort, hallucination et perception, blanc et couleur, chaos et plénitude ne s'opposent pas chez Christian Lhopital, mais s'entre-tissent pour donner naissance, à chaque coup de dés et de crayons, à un monde. Le sien, le nôtre aussi.
Christian Lhopital, Solitude et multitudes
À la Galerie Michel Descours jusqu'au 22 juin