Jeudi 16 janvier 2020 L'institution gastronomique du Vieux Lyon, franchement rajeunie, se transforme en festival permanent de street food.
Food Society : à voir…
Par Adrien Simon
Publié Mercredi 25 août 2021
Photo : © Jeanne Claudel
Food Court / Food Society, l'une des deux nouvelles extensions gastronomico-cool de la Part-Dieu, en envoie plein la vue. Côté goût, ce n'est pas encore ça, par contre.
Les temps de construction aidant, il y a des projets qui, quand ils s'achèvent, semblent surgis du passé. Ainsi cette extension de la Part-Dieu : quatre ans de travaux, 400M€, 32 000m2 de boutiques supplémentaires. Le cours des choses fait que l'ensemble s'inaugure finalement en pleine multi-crise (sanitaire, économique, écologique). En deux fois : à l'automne les nouvelles échoppes, et cet été une offre de restauration tendance. Un espace de shopping ne saurait se passer désormais d'un espace food, snacking, lunching. Ce qu'on appelait jusque-là un "centre commercial" se veut un "nouveau lieu du vivre ensemble". Et la cuisine, comme (le reste de) la culture, peut bien servir à vendre des fringues.
Le mall face à la gare s'est donc agrandi vers l'ouest, avec notamment un ensemble de toits terrasses, modestement appelés « les jardins suspendus ». On les rejoint par des escaliers dits « monumentaux » et on débouche sur le RoofPop d'un côté et le Food Society, de l'autre. C'est ce dernier qui nous intéresse, puisqu'il annonce réunir les « meilleurs concepts de restauration, au cœur d'un véritable lieu de vie ». Derrière le projet, outre Frank Delafon (les hôtels ho36), on retrouve Virginie Godard, organisatrice du Food Market de Nuits sonores.
Hyper travaillé par l'architecte Lionel Jadot
Le lieu est un ensemble (de 3000m2) de dix stands, avec salle à manger commune. Si l'autre espace de restauration (le RoofPop) s'exhibe sous une verrière tout en lumière, ici-bas on mise sur une ambiance sombre et des matériaux bruts : béton, chemins de câbles et VMC apparents, plafond et sol de parking souterrain. Un ensemble faussement négligé, hyper travaillé par l'architecte bruxellois Lionel Jadot. Qui pratique la récup', en l'occurence de matériaux de chantiers de démolition (cette Society aime mettre en avant un côté « responsable » qui paraît certes un peu dérisoire dans un centre disposant de 3100 places de parking). Le résultat obtenu par Jadot est assez épatant, inattendu dans un endroit comme celui-ci. Tables en bois maculées de peinture, ou polygones irréguliers cerclés de métal, leurs pieds en fer à béton, des champignons en styrodur s'accrochant aux piliers, une estrade de coussins géants, des enseignes en carreaux de céramique. Il faut aller voir ! Et jeter une tête à l'extérieur pour une bouffée de Part-Dieu minérale, avec droit-devant le Crayon, en majesté, et la nouvelle tour EDF, dite Silex2.
Guère à la hauteur de toutes ces promesses
Parmi les échoppes, de beaux noms. Dès l'entrée, la Mère Brazier, version boulangerie, qui sert, entre autres, un paté croûte (6€ la tranche) et un rosette-cornichon (4, 50€). À l'enseigne de Café Terroir, le fils Têtedoie sert un saucisson pistaché (12€) ou un club sandwich au cervelas (10€). Les frères Dorner, deux anciens de la Maison Pic, proposent des millefeuilles, Paris-Brest, et tartes aux framboises fraiches (6€). Côté street food on retrouve les falafels de Taybe, mais aussi des pizzas, smash burgers, baos, pad thaï et kebabs, tous autour de la dizaine d'euros. Pour nous, malheureusement, « l'expérience lifestyle » ne fut guère à la hauteur de toutes ces promesses. Ce midi-là, notre nourriture était froide et mal assaisonnée. L'ambiance était loin de « l'énergie » vantée par ses concepteurs, et comblée par une playlist (Whitney Houston, Donna Summer) trop insistante. En partant, on vit un groupe de jeunes filles se faire mettre à la porte : l'une d'entre elle amenait de la fast food d'une autre enseigne. Cela donnait l'impression d'un lieu qui, tout en ayant l'ambition de mélanger « plein de populations et d'âges différents », peine à rencontrer un public qui pratique déjà la Part-Dieu comme un « véritable lieu de vie ». Une impression confirmée par la somme de commentaires sur les réseaux sociaux manifestant une incompréhension vis-à-vis du « concept ». En y repensant, cette jeune fille était peut être dans le vrai : dans le temple de la consommation, pourquoi vouloir manger autre chose qu'un McDo ?
Food Society
Centre Commercial La Part-Dieu, 17 rue du docteur Bouchut, Lyon 3e
Du lundi au mercredi de 8h30 à 23h ; du jeudi au samedi de 8h30 à minuit ; dimanche de 9h30 à 21h30
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