Photographie / Le Musée des Confluences consacre pour la première fois l'une de ses expositions uniquement à la photographie. C'est Marc Riboud qui est mis à l'honneur... Mais nous en ressortons déçus. Explications.
Marc Riboud (1923-2016) ne fait pas partie de nos photographes fétiches. Mais nous avons beaucoup de respect pour son travail, avec ses qualités d'empathie humaniste, de curiosité visuelle joyeuse, de capacité de rencontre avec l'autre ou avec l'actualité... Son peintre sur la Tour Eiffel, sa jeune femme à la fleur face aux baïonnettes de l'armée américaine, son plongeur à Dubrovnik ont même atteint le statut d'icônes populaires. Pour le centenaire de sa naissance, le Musée des Confluences présente une sélection de cent images, subdivisée en quatre chapitres thématiques.
Visuel ou photographie ?
En découvrant l'exposition dans des espaces exigus, les yeux nous piquent ! Des tirages de qualité discutable s'agglutinent sur les cimaises, avec des variations de formats anarchiques et injustifiées (en tout cas, nous n'en avons pas compris la pertinence). Aucune respiration entre les images, aucune suggestion de lecture entre elles, si ce n'est des rapprochements formels assez grossiers : des architectures avec des architectures, des portraits avec des portraits, des photos de groupe avec des photos de groupe... Toute idée de composition est ici laminée en posant les photographies au petit bonheur la chance, dans un accrochage à la fois étouffé et disparate.
À la fin de l'exposition, de grands paysages rétroéclairés sont comme une nouvelle cocasserie dans la torsion en tous sens des œuvres de Riboud. Et l'on pourrait rapprocher cette exposition des modalités de l'ère "visuelle" actuelle : qu'importe le format, le support, le rendu d'une image... sur portable, affiche, ordinateur, carte postale ou tablette, c'est pareil. Or, la photographie est justement un temps d'arrêt et une limite à l'élasticité du visuel. Dépôt de temps et intensification d'un espace qui nécessitent aussi un peu d'autonomie pour dialoguer, sans confusion, avec les autres. Les amateurs de Marc Riboud iront donc plutôt au Réverbère, pour un accrochage certes plus restreint en nombre d'images (et concentré sur ses photographies au Japon), mais beaucoup plus respectueux de son travail. De plus, ils y découvriront de séduisantes séries photographiques récentes de Géraldine Lay.
Marc Riboud, 100 photographies pour 100 ans
Au Musée des Confluences jusqu'au 31 décembre
Le Japon en duo : Marc Riboud et Géraldine Lay
À la galerie Le Réverbère jusqu'au 11 mars